• On n'en finit plus chaque semaine d'entendre des nouvelles révélations sur l'UMP ou sur le gouvernement.

    Après l'affaire Buisson puis Copé, c'est au tour de Taubira et d'Ayrault d'être soupçonnés d'avoir menti dans l'affaire des écoutes Sarkozy/Herzog.

    Si imaginer qu'il y ait eu des malversations à l'UMP ou que des ministres P.S aient menti est déjà en soi un scoop d'une rare intensité, on est en droit de se demander si le grand déballage est terminé et si le scandale n'est pas finalement de croire qu'il y en a un.

    Des révélations sans précédent

    « Sur l'enregistrement, on entend, aujourd'hui, le gravier du Château crisser sous ses pas »

    Voilà comment commence l'article sur la révélation des écoutes par Buisson dans Le Canard enchaîne du 5 mars.

    Si cette première révélation choc laisse le lecteur incrédule, il faut se dire que la suite est du même acabit. On apprend par exemple que lorsque Sarkozy annonce un « remaniement », il souhaite, explique Le Canard, « sans le dire, préparer l'échéance présidentielle de Mai 2012. »

    Sans blague ! Quel petit cachottier ce Sarkozy, heureusement que Le Canard a su voir clair dans son jeu.

    Arrive ensuite l'essentiel de cet enregistrement :

    Sarko (juste avant d'évincer Hortefeux du ministère de l'intérieur) : « vous n'avez pas d'états d'âme sur Brice ? » Buisson : « On en a tous, on aime tous Brice ».

    Autre révélation extraordinaire du Canard : en politique, on ne dit pas toujours la vérité.

    Mais le scandale ne s'arrête pas là. Sur MAM, Sarko déclare : « J'ai accepté qu'elle me fasse une lettre de démission. Mais, enfin, personne n'est dupe. »

    « En clair », ajoute le palmipède, « elle est virée ».

    Heureusement que la traduction est assurée par Le Canard et que celui-ci sait lire entre les lignes car sinon, on n'y aurait vu que du feu.

    Si l'on en croit cet enregistrement, certaines personnes, au sein du gouvernement, seraient donc poussées vers la sortie. Autant dire que le scandale de la NSA, à côté, c'est du pipi de tchat.

    Enfin, le bouquet final, deux révélations en une : Goudart, le publicitaire, intime de Sarkozy, déclare : « Comme MAM, Bachelot ou mon ennemi intime Darcos, tu découvres à la tête de la république des ministres nuls ».

    Il arrive donc -et nous devons ici avouer humblement que l'idée ne nous avait jamais effleuré l'esprit- que certains ministres soient incompétents et qu'en politique, sans vouloir casser celles du Canard, on se tire parfois dans les pattes.

    Tout bonnement inimaginable.

    Si l'on ajoute à cela les révélations sur l'affaire Sarkozy/Herzog, à savoir que Jean-Marc Ayrault, Manuel Vals et Christiane Taubira savaient que depuis onze mois, Nicolas Sarkozy était sur écoute, on se dit que décidément, on n'est pas au bout de nos absences de surprise.

    A qui profite l'escrime ?

    A-t-on bien mesuré l'étendue de toutes ces affaires ?

    A part dans les livres que sortent chaque année les journalistes proches du pouvoir (De Michèle Cotta à F.O.G en passant par les frères Duhamel ») ou les anciens ministres (de Jospin à Le Maire en passant par Roselyne Bachelot), on n'a jamais lu ça.

    L'idée n'est évidemment pas de dire que c'est normal que Patrick Buisson enregistre les discussions du chef de l'état à son insu, que Copé favorise une entreprise amie au détriment de l'UMP ou que Taubira mente à des millions de Français sans vergogne.

    En revanche, on peut s'interroger sur la dimension de certaines révélations.

    Passons sur l'affaire Copé, qui, si elle aboutit un jour, montre à quel point on peut saborder son propre parti pour des ambitions personnelles.

    Mais si l'on regarde de près l'affaire Buisson : certes, les méthodes employées sont choquantes mais qu'apprenons-nous vraiment à travers ces écoutes à part que Buisson lui-même adore s'enregistrer et qu'il cire tellement les pompes de Sarkozy que le véritable crime qui devrait lui être reproché est celui de lèche-majesté ?

    Même chose sur l'affaire Sarkozy/Herzog. Qui, à part de grands naïfs, pouvait décemment penser que certains membres du gouvernement n'étaient pas au courant que Sarkozy était sur écoute ?

    Ce qui est vraiment intéressant dans ces affaires, c'est plutôt le fait qu'elle sortent toutes maintenant, quelques semaines avant les élections et dans un contexte de guerre des chefs à L'UMP. Qui a fait en sorte que cela se retrouve dans la presse ? S'il faut éviter de tomber dans la paranoïa du complot, on peut en revanche se demander qui avait intérêt à garder des affaires sous le coude, pour, le cas échéant, prêter l'épaule à un proche. Forcément quelqu'un qui a le bras long, me direz-vous.

    Soit, mais au milieu du buzz médiatique, essayons de distinguer « l'info » du vrai.

    La perspective de la présidentielle réveillerait-elle les instincts primaires de certains hommes politiques ? « Elémentaire, mon cher » ont l'air de penser les proches de Copé qui jurent que cette affaire arrive au pire moment pour leur poulain car ils déclarent sans rire que : « Jean-François va mieux depuis quelques mois. » (Le Point ). Certains d'entre eux ne se cachent plus pour dire que Sarkozy est derrière tout ça et d'ailleurs ceux-ci « persistent à croire, malgré les démentis, que l'ancien président a bien qualifié leur chef-comme si ça ne suffisait pas déjà d'être Copé - d'Harlem Désir de droite » (Le Point)

    La comparaison est déjà difficile à entendre pour un homme de gauche, alors pour un homme de droite, qui plus est décomplexée, c'est un véritable soufflet. Et il est peu probable que Copé attende tranquillement qu'il retombe.

    Les proches de Fillon, quant à eux, souhaitent profiter de l'aubaine : « L'affaire se suffit à elle-même, il ne faudrait pas qu'une déclaration (comme celle-ci par exemple?) vienne entretenir le soupçon d'un coup monté » déclare un filloniste au Point (06/03). Ce serait trop bête, en effet.

    L'affaire Buisson, elle, sert plutôt Sarkozy, qui passe ainsi pour une victime. Les soupçons de « trafic d'influence » qui visent l'ex président seraient-ils une réplique à tout cela ?

    Quant à Taubira et Valls, pourquoi rechignent-ils tant à dire qu'ils sont au courant des écoutes sinon pour protéger Hollande à qui on pourrait reprocher de trop s'occuper de saborder son principal rival dans la course à la présidentielle de 2017 ?

    Bref, à force de s'étriper entre eux, les candidats de l'UMPS, comme les appelle Marine, risquent bien de laisser le champ libre au Front National.

    Dans ce contexte, on ne peut qu'être émus de voir, à l'approche des élections, tant d'hommes politiques démunis, si pâles.

     

     

     

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  • « Il ne se passe plus une semaine sans qu'un homme rattrape dans une gare ou un aéroport un fils, un frère en partance pour la Syrie » indique le Nouvel Observateur qui a consacré cette semaine un dossier à la question du Djihad. (la plupart des citations de cet article sont d'ailleurs tirées de ce dossier)

    Ils seraient 700 djihadistes partis de l'hexagone selon Hollande, 300 pour le « cham » (le nom antique de la Syrie).

    « Les candidats au djihad sont trop nombreux pour qu'on puisse gérer cela efficacement » regrette le juge Marc Trévidic, du pôle antiterrorisme du TGI de Paris (toujours dans Le Nouvel Obs du 20/02)

    Qu'est-ce qui incite tous ces Français à partir en Coran vers cette nouvelle guerre promise ? Si se laisser pousser la barbe puis la tailler au carré demande une certaine application, faut-il pour autant parler de « barbe-art attitude » ? Cham en a tout l'air.

    De la purée Muslim

    Le djihad a fait, à ce jour, Vingt et un morts parmi les Français. Vingt et un morts qui n'ont même pas pu être rapatriés en France.

    Les familles, c'est de bonne guerre, sont alertées par SMS lorsqu'un des leurs est décédé. Parfois, ça a été le cas pour deux Strasbourgeois partis en mission, la maman a même droit à un message personnalisé : « soyez fière, vos fils ont obtenu le martyre. » De quoi consoler n'importe quel parent digne de ce nom.

    « Nous sommes des guerriers, pas des déserteurs » expliquent Marc et Jordan, de Nice, partis en mission il y a peu. C'est peu de dire que tous les discours qui ne sont pas salafistes les barbent, les deux jeunes ont même répondu à leur père qui insistait pour avoir plus régulièrement des nouvelles : « si tu nous fais un sale coup, on se fait kamikazer ». Un véritable exercice de salafiste-fucking, diront sans doute les mauvaises langues.

    Merah des villes et Merah des champs

    Vous n'avez pas les moyens de partir en vacances ? Les recruteurs syriens, qui font leur marché sur internet, vous proposent un voyage gratuit, sans escale et sans avoir à vous préoccuper du billet de retour. Avouez que, par les temps qui courent, c'est assez tentant. En un seul clic, pouvoir prendre ses claques et devenir, grâce à un simple email, un majestueux imam, c'est le Mecque plus ultra.

    Ajoutez à cela des écoles coraniques dans lesquelles vous pouvez parfois être nourris et étudier gratuitement et vous obtenez des vacances proches de la perfection, à la fois économiques et bien plus originales qu'un énième séjour aux Maldives.

    Mais ce n'est pas le seul avantage de ce séjour, loin de là. Le Djihad en Syrie, c'est avant tout un formidable rassemblement qui transcende toutes les différences identitaires et générationnelles : on peut trouver aussi bien une adolescente de 15 ans originaire d'Avignon qu'un Lyonnais d'origine tunisienne qui a kidnappé sa fille de 18 mois et qui insiste pour que la mère, qui ne les a pas vus depuis le 15 octobre, les rejoigne ou encore des belges, d'autres européens, des Maliens...

    Bref une vraie famille, unie sous la bannière de l'action humanitaire, comme le raconte ce djihadiste bordelais : « Les femmes, on ne les envoie pas au front. Elles sont là pour nous soutenir et s'occuper des petits orphelins. »

    Rassurant de constater également qu'ils ne sont pas du genre à enseigner les ABCD de l'égalité en Syrie.

    Enfin, et ce n'est pas le moins important : « Il paraît même qu'il y a des femmes et pas que des vilaines » précise le journaliste du Nouvel Obs.

    Et dieu sait qu'il est difficile de résister au chant des Syriennes. Partir et se marier avec une Syrienne, c'est mettre deux fois les voiles.

    Laisse pas traîner ton fils... si tu veux pas qu'Iblis

    Ce qui frappe également quand on écoute tous ces jeunes djihadistes, c'est leur extrême lucidité et leur soif spirituelle qui en font souvent d'excellents exégètes.

    Lors de sa dernière audition devant le juge antiterroriste (Le Point du 14/02), Abdelkader Merah, le frère du tueur d'enfants, déclare par exemple : « celui qui convertit un homme aura une récompense équivalant à une chamelle rousse. Ce qui par comparaison peut correspondre à une Lamborghini ou une Ferrari. » Le porc, lui, en revanche, serait plutôt l'équivalent de la Lada ou de la BX, ce que confirme d'ailleurs un Strasbourgeois parti en Syrie : « un musulman laïc, c'est un couscous aux côtes de porc »

    Ibrahim O, un autre djihadiste, se confie dans Le Nouvel Obs  : « J'avais besoin de trouver un sens à ma vie, ça a été l'Islam. » Avant d'ajouter « Les musulmans qui restent ici vivent dans le péché. » Voilà qui va donner un peu d'espoir à Marine Le Pen.

    Mais tous ces nouveaux prophètes sont loin d'être des naïfs que des recruteurs peu scrupuleux chercheraient à enrôler pour en faire de la chair à canon. Un djihadiste niçois le confirme dans Le Nouvel Obs : « La seule manipulation, c'est celle des médias et de la télé et de tous les illuminati qui nous entourent ».

    Et le meilleur moyen de ne pas faire partie des illuminati, c'est encore d'être un illuminé.

     

     

     

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  • 600000 euros et 15000 dollars, en liquide. Ce sont les sommes d'argent retrouvées par la police chez Dieudonné. Y a-t-il de quoi crier à l'insolvabilité organisée, comme l'ont fait la plupart des médias français ? N'est-on pas en droit de garder un peu de monnaie chez soi ? N'est-ce pas une bonne chose que de ne pas faire une confiance aveugle aux banques ? Enfin, n'est-ce pas là la meilleure façon de montrer que Dieudonné n'a rien perdu de son humour ?

    Une insolvabilité insoluble ?

    « 1, 2 hectares de terrain, tennis, piscine et quatre bâtiments en plus de sa propriété (…) une petite péniche de 14 mètres à 68000 euros.» rapporte le Canard enchaîné. Si l'on ajoute à cela la coquette somme d'argent retrouvée à son domicile, ce sont autant d'éléments qui pourraient faire croire que Dieudonné avait de quoi payer ses amendes. Oui, mais pas facile de faire main basse sur la Main d'Or (2 millions de chiffres d'affaires) ou de plumer les productions de la plume quand ces sociétés sont au nom de sa compagne et de sa mère.

    C'est la preuve en tout cas que son combat anti-système n'a rien de systématique. Et que le révisionnisme n'est pas une vue de l'esprit, celui de sa fortune en tout cas.

    Crise de l'adepte ?

    « Dieudonné, c'est donner, reprendre, c'est voler. » Voilà ce que l'humoriste pourrait répondre à certains de ses fans qui ont gentiment aidé leur gourou à récolter 561000 euros sur internet pour qu'il s'acquitte de sa dette auprès du Fisc qui avait saisi sa deuxième propriété à Saint-Lubin de la Haye. D'autant que certaines sommes, révèle le Canard, n'ont pas été remboursées ni même déclarées.

    Une simple distraction sans doute. L'humoriste n'en est pas à sa première erreur de concentration. De toute façon, il n'avait pas le Shoah. Il faut parfois savoir faire la manche pour continuer à retrousser les siennes. C'est surtout indispensable si l'on veut continuer à faire le geste de la quenelle dans les règles.

    La führer de Dieudo

    Même si son antisémitisme semble avéré, vouloir interdire certains de ses gestes, comme si Dieudo avait eu l'influence ou le programme d'Hitler, est assez contestable pour quelqu'un qui n'est coupable, tout au plus, que de crime contre l'inanité.

    Tout ce tapage médiatique l'aura bien servi et aura fortement contribué à le faire passer pour un martyr et à récolter des fonds sur internet. Vouloir l'exterminer n'aura servi arrhien sinon à propager encore davantage la thèse du conspira-sionisme.

    Qu'il continue à taper sur le système, on s'en fiche, mais qu'on arrête de taper sur le nôtre.

     

     

     

     

     

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  • Alors que des voix s'élèvent pour accuser la Garde des Sceaux d'avoir exigé la démission du procureur de Paris, on est en droit de s'interroger.

    Est-il possible qu'une femme aussi douce, autour de laquelle seuls la conseillère des politiques pénales, le directeur et le chef de cabinet, le conseiller diplomatique, la directrice des services judiciaires, le directeur des affaires civiles et du Sceau ainsi que son adjointe sont partis, puisse faire preuve d'autoritarisme ?

    N'a-t-elle pas été condamnée qu'une seule fois par le conseil des prud'hommes de Paris pour licenciement injustifié et rupture de CDD « abusive » concernant son ancienne assistante parlementaire, à qui elle a dû verser 5 300 euros en 2004 ?

    Taubira aurait-elle bafoué l'indépendance de la justice, comme certains le prétendent ? Certainement pas. On ne peut pas soupçonner celle qui a commencé sa carrière en 1978 comme militante indépendantiste puis comme directrice de la revue indépendantiste Mawina de ne pas lutter pour l'indépendance.

    De même, si elle a reproché à Falletti d'être proche de l'UMP, c'est sans doute pour éviter qu'il soit à la fois juge et parti. Peut-on décemment blâmer la ministre de la justice de vouloir mettre quelqu'un à l'amende ?

    Selon les deux directeurs de cabinet, rapporte Le Canard du 05/02, on aurait dit au procureur de Paris la chose suivante : « La ministre souhaite que vous quittiez vos fonctions. Elle désire vous remplacer par quelqu'un de sa sensibilité politique »

    Là encore, l'argument ne tient pas. De quelle sensibilité politique est-il question ? : celle des radicaux de gauche et de Bernard Tapie, dont elle était la quatrième de liste aux élections européennes de 1994 ? Celle de Jospin, à qui elle a proposé une alliance avant 2002 ? Celle du groupe RCV (PRG-MDC-Verts-PCR) ou celle de Hollande ?

    Toujours selon Le Canard, on propose alors au procureur général de Paris d'être reclassé comme premier avocat général à la cour de cassation. Alors, de quoi se plaint-il ? L'ingratitude de ce procureur ne fait vraiment pas justice à l'exemplarité du gouvernement.

    François Falletti a confirmé au Monde la tenue de cet entretien :« On m'a effectivement demandé de partir à la Cour de cassation, je n'y suis absolument pas candidat. J'ignore pour quelle raison on me demande de partir, je fais mon travail, et la charge est lourde, avec toute l'intégrité voulue et toute la déontologie, je n'ai pas compris. »

    Quelle mauvaise foi ! Même si le procureur est aveugle, comment imaginer une seule seconde qu'il ne l'a pas vu venir ? Décidément, lui proposer un placard n'aura pas été la meilleure façon de sauver les meubles.

    « Les conditions de nomination sont essentielles pour que les magistrats du parquet apparaissent pour ce qu'ils sont, des magistrats à part entière » disait Taubira le 11 janvier, dans un colloque sur la justice du XXIème siècle. « Il s'agit de faire en sorte qu'il n'y ait plus aucune suspicion concernant l'indépendance des procureurs » ajoutait-elle, en Juillet dernier. Pari tenu, il n'y aura bientôt plus aucune suspicion, seulement des preuves.

    Il ne faut pas s'étonner, lorsque l'on annule les peines plancher, d'avoir ensuite des problèmes de Parquet, diront les mauvaises langues. Mais on ne peut pas reprocher à Mme Taubira sa logique. Pour vider les prisons, il faut bien commencer par casser les barreaux.

     

     

     

     

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  • Comment avons-nous pu nous laisser berner de la sorte ? Comment avons-nous pu remettre en question les propos des politiques qui ne font, comme jadis Socrate, que rechercher la vérité ? Il faut vraiment être d'une naïveté sans précédent pour penser que Najat Vallaud-Belkacem et Vincent Peillon seraient des idéologues.

    Quand le ministre de l'enseignement explique que « c’est au socialisme qu’il va revenir d’incarner la révolution religieuse dont l’humanité a besoin, en étant à la fois une révolution morale et une révolution matérielle, et en mettant la seconde au service de la première » (Vincent Peillon, La révolution française n’est pas terminée. Ed du Seuil. 2008, p. 195), on voit bien qu'il fuit l'idéologie comme la peste.

    Le PS, qui a toujours appelé un chat une chatte, qui n'a jamais remplacé « austérité » par « effort », « flexibilité » par « flexsécurité », « allègement des charges des entreprises » par « pacte de compétitivité », serait-il en train de vouloir introduire la théorie du genre à l'école sous couvert de « pédagogie égalitaire active » ? On ne peut y croire.

    Neutraliser la contestation

    « Il n’y a pas d’enseignement de la théorie du genre à l’école mais une «éducation à l’égalité fille-garçon», a déclaré mardi Vincent Peillon pour rassurer les parents, après un appel à boycotter l’école un jour par mois. (Libération).

    Heureusement que les journalistes ont fait leur travail d'investigation cher au moustachu le plus célèbre de France pour rétablir la vérité et voler au secours du gouvernement. "Des conneries" selon Mediapart. « La première escroquerie des anti-« gender » » selon Le Monde.fr, c'est qu'ils affirment « qu'il existe une « idéologie » du « gender », une sorte de théorie philosophique et politique. En réalité, ces « gender studies » se traduisent par « études sur le genre », et sont donc une discipline universitaire, en aucun cas une idéologie ou une théorie politique » (Le Monde.fr). Avouez que cela change tout.

    Comment pourrait-on craindre une théorie qui n'existe pas ? Qui pourrait nier qu'il est matériellement impossible d'enseigner une théorie qui ne se donne pas comme telle ?

    Et L'Humanité de parler de « propagande délirante » et Le Point de « folle rumeur ».

    C'est rassurant de constater qu'en matière de genre, les médias savent se montrer neutres.

    Si M. Peillon dit qu'il n'y a pas d'enseignement de la théorie du genre à l'école, on peut le croire puisque la théorie du genre n'existe pas. On ne peut douter de la bonne foi d'un homme qui n'a jamais cherché à tordre la vérité ou les chiffres au moment de sa réforme avortée des classes prépas. Mentir, ce n'est vraiment pas son genre.

    Une absence de théorie bien pratique

    Pour mieux nous convaincre, les médias ne cessent de nous renvoyer aux fameux « ABCD de l'égalité ». Quand on se rend sur le site en question, on ne peut qu'être rassurés. On peut par exemple, si on a 74 minutes devant soi, écouter Véronique Rouyer, maître de conférences en psychologie du développement de l’enfant et de la famille décortiquer, lors de sa conférence, tous les comportements sociaux qui vont construire l'identité sexuelle des individus et qui vont empêcher les parents de « donner une éducation  neutre à l'enfant ». 

    Qui pourrait penser une seule seconde qu'elle est en train de repérer les constructions sociales du genre et donc de faire exactement ce que recommandent les théories, pardon les études de genre ?

    La présentation de la conférence, sur le site du gouvernement est pourtant on ne peut plus claire « Cette conférence s’intéresse aux processus par lesquels tout individu, au cours de sa vie, est amené à assimiler des normes et des codes sociaux relatifs au masculin et au féminin ». Aucun lien donc, avec les études de genre, qui « répertorient ce qui définit le masculin et le féminin dans différents lieux et à différentes époques, et s’interrogent sur la manière dont les normes se reproduisent jusqu’au point de paraître naturelles. » (source Wikipedia)

    Toujours sur le site, on trouve ensuite « C’est par ces processus que vont se créer et évoluer tout au long de la vie les identités sexuées des personnes des deux sexes ».  Là encore, il faudrait faire preuve d'une incroyable mauvaise foi pour établir un quelconque rapport avec la théorie (excusez-moi, « les études ») du genre selon laquelle le sexe d’une personne est considéré comme étant construit socialement et culturellement.

    On comprend que les journalistes, ayant fait leur travail avec la plus grande rigueur, aient crié tout de suite à « l'intoxication » et à la paranoïa « conspirationniste ».

    Jouer à la poupée russe

    Peut-on imaginer sérieusement que les socialistes veulent endoctriner nos enfants et que Najat, rusée comme un serpent, chercherait à répandre son venin idéologique dans la société ?

    Interrogée sur l'expérience menée depuis quelques années dans la crèche Bourdarias de Saint-Ouen, la directrice Marie-Françoise Bellamy a tenu à préciser au journal L'Humanité en novembre 2011 : «  je n’ai jamais eu de remarques à propos du projet genre ». Projet genre ? La directrice a dû se tromper, tout comme la directrice adjointe qui déclare que « Malgré nos efforts pour inciter l’école la plus proche à poursuivre la réflexion sur le genre, la dynamique a du mal à prendre. » En voilà qui n'ont rien compris au projet « combattre les stéréotypes de sexe » et qui voient du « genre » partout. Des activistes de Civitas, très certainement.

    La démarche est en tout cas un franc succès, car comme le déclare une éducatrice « on voit de plus en plus de filles jouer au ballon ». Mais voit-on suffisamment de garçons jouer à la poupée » ? On l'espère car l'inverse serait un dangereux constat d'échec pour l'égalité et « la lutte contre le sexisme ».

    On se demande bien ce que deviendrait la société si Najat Vallaud-Belkacem, qui se félicite de cette expérience, n'était pas là pour veiller à ce qu'on fasse tout bien comme il faut. On a d'ailleurs hâte qu'elle nomme des commissaires qui viendront vérifier à domicile si l'éducation des garçons et des filles à la maison est suffisamment indifférenciée.

    Au PS en tout cas, on lave les méninges sales en famille. C'est ça la vraie démocratie : demander aux médias qu'on laisse la vie privée de pépère tranquille afin de mieux contrôler la nôtre. Comme au bon vieux temps de la Russie. Le tout sous le regard bienveillant du petit pépère des peuples.

    Halte à la masturbation intellectuelle

    « C'est l'un des derniers angles d'attaque des contempteurs de la supposée « théorie du genre » : l'Organisation mondiale de la santé (OMS) " enjoindrait aux écoles et aux crèches d'encourager la masturbation enfantine" rapporte Le Monde.

    Dans le document de l'OMS intitulé Standards pour l'éducation sexuelle en Europe, on conseille simplement, entre 0 et 4 ans, d' « Informer l'enfant sur le plaisir et la satisfaction liés au toucher de son propre corps, la masturbation enfantine précoce, la découverte de son propre corps et de ses parties génitales » Et l'OMS de justifier ces approches par le fait que « l’éducation sexuelle fait partie intégrante de l’éducation générale; elle est de toute façon dispensée aux enfants, même si ce n’est pas de manière explicite ou consciente. (...) Même en ne parlant pas de sexualité (…) l’environnement général influe lui aussi sur la socialisation sexuelle de l’enfant. »

    Certains extrémistes arguent que la part d'implicite est nécessaire à la construction de l'enfant et que mettre des mots sur tout dès le plus jeune âge peut être angoissant pour celui-ci. C'est sans compter sur l'esprit critique des enfants entre 0 et 4 ans et leur discernement qui leur permettra de ne retenir que les informations dont ils ont besoin.

    Quant aux affreux ringards qui pensent que ce n'est pas le rôle de l'école de transmettre ces informations mais celui des parents et qui demandent le respect des principes fixés dans le Code de l’Education qui garantit le « respect de la personnalité de l'enfant et de l'action éducative des familles » (art. L. 111-2) , ils oublient un peu vite qu'il n'y a encore pas si longtemps, l'église ne se privait pas pour enseigner les méfaits de la masturbation.

    Il est donc logique que le Kremlin (pardon le gouvernement) contre-attaque avec un nouveau catéchisme qui permettra à nos chers bambins d'intégrer la « normalisation du thème de la sexualité » en apprenant que « les sujets relatifs à la sexualité sont foncièrement positifs et plaisants. » (rapport de l'OMS) et qui permettra à tous les parents de chanter « Demain, l'éduc'nationale sera le genre humain ».

     

    Lien vers le rapport de l'OMS https://www.sante-sexuelle.ch/wp-content/uploads/2013/11/Standards-OMS_fr.pdf 

    Lien vers la conférence « construction de l'identité sexuée de l'enfant » Les ABCD de l'égalité : http://www.cndp.fr/ABCD-de-l-egalite/outils-de-formation/conference.html?idvideo=10&cHash=d27d2f23840ee2ae7df9c65bc49e4392 

     

     

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