• Je n’ai jamais été un grand fan de Rafaël Nadal. Je lui ai toujours préféré l’élégance et la fluidité de son rival, Roger Federer. Mais je dois reconnaître qu’hier, en regardant son match contre David Goffin au 1er tour du Masters, j’ai été impressionné par son attitude.

     

    Visiblement gêné par une douleur au genou droit dès le début de la rencontre, l’Espagnol n’a jamais semblé envisager l’idée d’abandonner. Pas même au troisième set quand celle-là était si intense qu’il devait renoncer à chercher certaines balles, ralentir son engagement pour éviter de trop pousser sur les jambes voire jouer contre nature pour écourter l’échange en montant au filet à la moindre occasion. Pas même quand il a concédé un double break le condamnant de manière quasi certaine à la défaite.

     

    Non seulement il a retenu des larmes de douleur au changement de côté mais il a semblé s’appliquer à se tenir le moins possible le genou, à ne pas se plaindre de sa douleur et ce jusqu’à la balle de match. En partie parce qu'il a un mental hors pair et qu’il y a cru jusqu’au bout, c’est vrai –il est même parvenu sur une jambe à refaire un de ses breaks de retard-. Mais également car il a voulu laisser aux spectateurs la chance de vibrer jusqu’à la fin et à son adversaire le droit de savourer une victoire qui ne soit pas amputée de l’émotion du dernier point, minimisée par un abandon ou galvaudée par la gêne trop manifeste de son rival du jour.

     

    Quand on pense au nombre de grimaces et de lamentations d'Andy Murray à la moindre piqûre de moustique ou à la promptitude avec laquelle les joueurs français sont capables d'abandonner, il y a effectivement de quoi être admiratif.

     

    Le numéro 1 mondial, en tenant à sortir par la petite porte de la défaite dans les règles, est sorti par celle des immenses champions, ceux qui ne sont jamais aussi beaux et humains que dans la défaite. Celle de la noblesse et de l’humilité. Hier soir, Rafaël Nadal n’a pas battu, et il s’en est finalement fallu de peu, David Goffin. Mais à la manière d’un marathonien, il est sorti victorieux du match qu’il a livré contre lui même. Et c’est autrement plus méritoire.

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    Un joueur de babyfoot découvre qu'il est détenu à 80% par des fonds d'investissement

     

    Après les étonnantes révélations des spéculations sur les joueurs de football par le magazine Cash Investigation, Le Parisien annonce ce matin que d’autres sports seraient touchés par ce fléau, à commencer par le babyfoot. Faut-il y voir le début du babyfoot-business ou n'avons-nous affaire qu'à un cas isolé ? La rédaction a mené l'enquête.

     

    L'avenir servi sur un plateau

     

    C'est la stupeur ce matin au café de la gare de Verrières-le-Buisson. Dédé, 54 ans, invaincu au « bab » depuis près de 18 ans, vient d'apprendre qu'il est, à l'instar de certains footballeurs, détenu à 80% par des fonds d'investissement étrangers. « C'est un grand honneur pour nous, ses amis, mais également pour tous les habitants de la ville ! » se réjouit Jojo, le dernier à l'avoir battu en janvier 2001 sur un but qui avait fait polémique, certains ayant jugé qu’il était entaché d’une pissette. Si la nouvelle a fait l'effet d'une bombe dans la commune et si elle valide la brillante carrière de Dédé, il n'est pas sûr pour autant qu'il faille se réjouir de telles spéculations.

    Selon Patrick Soupalpe, économiste, cette évolution n'a rien de surprenant : « Le football a été le premier sport touché mais il est normal que les investisseurs se tournent maintenant vers des sports d'avenir. » Et l'économiste d'ajouter : « Les joueurs de Babyfoot représentent une alternative intéressante aux footballeurs car ils sont moins soumis aux aléas de la vie : ils se blessent beaucoup moins souvent et ils ne sont que très rarement transférés : c'est un investissement beaucoup plus pérenne qu'un footballeur ».

     

    Le football à la barre

     

    Pour Amandine Sauzet, sociologue, il y aurait d'autres raisons, plus profondes, à l'émergence de ce nouveau marché :« En termes d'image, le babyfoot a une longueur d'avance sur les autres sports et notamment sur le foot qui pâtit de plus en plus de l'attitude des joueurs et même des supporters. Les joueurs de babyfoot sont, eux, extrêmement fair-play, jamais un mot plus haut que l'autre, jamais un geste déplacé, sans parler de la discipline tactique dont ils font preuve sur le terrain : chacun respecte son poste. On ne peut pas en dire autant des autres sports. » « En outre, historiquement, le babyfoot est l'un des seuls sports dans lesquels on n'a jamais trouvé trace d'un joueur dopé, au contraire de beaucoup d’autres sports et même du curling ou du croquet » ajoute la sociologue.

     

    Un engouement nouveau qui n’est pas sans conséquences puisque le patron du Bar PMU d’Igny, commune voisine, aurait proposé un transfert à Dédé. Si la plupart des habitants de Verrières n’accordent que peu de chances à ce transfert d’aboutir: “il est trop attaché à nous et à sa ville, il n’acceptera jamais de nous trahir en allant chez le rival” explique Jojo, le joueur concerné semble, lui, beaucoup plus hésitant: “Il faut bien peser le pour et le contre, c’est vrai que j’aime ma ville mais j’ai 54 ans, je suis plutôt en fin de carrière, c’est une belle opportunité à saisir.” “Jouer tous les dimanches dans un bar plein, ça fait réfléchir. surtout que les infrastructures d’Igny sont d’une autre dimension, la moquette du plateau est très verte, les barres sont nettoyées régulièrement, tout ça fait un peu rêver” ajoute le quinquagénaire. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que malgré un transfert qui avoisinerait les 300 000 euros et un salaire de 3000 euros par mois pendant cinq ans, le choix de Dédé sera, selon ses dires, “purement sportif”.

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  • Lorsque JWT entre sur le court contre le numéro 1 mondial, on ne sait pas si on est en droit d’espérer un exploit. Déjà parce qu’on ignore quel Djoko Tsonga va rencontrer, ensuite parce que la double vie de comédien/tennisman de Jo ne lui laisse pas beaucoup de temps pour s’entraîner.

    Le premier set remporté aisément par le Serbe apporte un premier élément de réponse : les heures d'entraînement passées à envoyer une pièce d'un euro dans un distributeur semblent avoir légèrement déréglé le Manceau.

    Au début du deuxième set, Tsonga est breaké d'entrée et à cet instant, on voit mal comment le Français pourrait revenir dans le match mais c'est sans compter sur sa botte secrète: au changement de côté, le Français sort de sa manche un Kinder Bueno et le résultat ne se fait pas attendre : coups droits à la Reneberg, revers à la Todd Woodbridge, services canon à la Jay Berger et volées façon Wally Masur ; c’en est trop pour Djokovic qui doit s’incliner dans la deuxième manche.

    S'il est moins puissant que le Kinder Bueno Espagnol  dont se gavent ces temps-ci Nadal et Ferrer –lequel aurait, dit-on, été fabriqué sur le modèle d’une friandise autrichienne particulièrement appréciée par Thomas Muster-, le Kinder Bueno français n’en demeure pas moins extrêmement efficace et Jo devient presque irrésistible, il se met même à bien servir sur les points importants et empoche le troisième set.

    On se dit alors que Jo va se relâcher au début du quatrième, pas du tout. Djokovic semble incrédule et presque résigné devant l’insolente réussite du Français. Il faut dire que la coupe de cheveux en cocktail de Jo, mi-playmobil mi-Jérémy Ménez n’a rien de rassurant. Elle est un tel défi aux lois de l’esthétique qu’il semble que plus rien ne pourra désormais lui arriver.

    C’est donc fort logiquement que Jo obtient une puis plusieurs balles de match, à chaque fois sur le service du Serbe. Mais pas facile, quand on est Français, d'écarter, au moment de jouer ces balles de match, le fantôme d'Henri Leconte, le spectre de Cédric Pioline, l'ombre de Richard Gasquet mais surtout le souffle d'Amélie Mauresmo qui planent sur le court Philippe Chatrier.

               Tsonga s’inclinera finalement en cinq manches confirmant qu'il est bien meilleur comédien que joueur de tennis. Il aura quand même gagné, grâce à cette place de 1/4 de finaliste 150 000 euros soit l'équivalent de 5641 boîtes de Kinder Bueno, une vraie consolation.

     

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  • On savait l’Ecossais enclin aux facéties, toujours prompt à féliciter l’adversaire et doté d’une bonne humeur contagieuse mais son association avec Ivan Lendl a donné à son légendaire fair-play une nouvelle dimension.

    Comment ne pas être fair-play quand on est coaché par un tel mentor ? Le champion Tchèque savait mieux que quiconque jouer avec le sourire, être beau perdant, ne jamais viser l’homme au filet et surtout instaurer avec ses rivaux des rapports de franche camaraderie.

    Ces deux-là étaient faits, de toute évidence, pour s’entendre.

    Alors, lorsque Murray pénètre sur le court, nimbé d’innocence et de modestie, débordant de générosité, la casquette vissée sur la tête comme un symbole de son ouverture sur le monde, notre ferveur patriotique s’amenuise et une furieuse envie de manger du rosbif, de la salade sans sauce, de la gelée, voire du pudding nous étreint.

    On souffre avec lui quand on le voit à l’agonie au premier set, se touchant le dos dès qu’il perd une balle, grimaçant et se tordant de douleur, le tout sans jamais chercher à exagérer son mal ou à tirer profit de cette situation ; on admire l’incroyable souplesse dont il fait preuve sur tous ses services et sur toutes ses glissades, témoignages vivants d’un courage hors du commun pour un joueur handicapé du dos ; on l’encourage presque lorsqu’il revient dans le match au cours d’une deuxième manche parfaitement maîtrisée et on reste médusé par son dépassement de soi qui lui fait totalement oublier la douleur dans les deux derniers sets.

    Mais c’est surtout sa sportivité qui fascine : son respect des décisions arbitrales est tel qu’il attend toujours le verdict du juge de chaise même quand il voit que la balle de Gasquet est bonne ou que Richard lui indique que la sienne est dehors.

    C’est sans doute ce fair-play « so british » qui fait de lui un personnage si attachant et le public de Roland, d’habitude si chauvin, ne s’y trompe pas, lui qui ovationne l’Ecossais à chaque occasion.

    Devant son extraordinaire bonhomie, il nous vient des envies de lui taper dans le dos et de l’inviter à boire des pintes. Et il faut vraiment se retenir à la fin du match pour ne pas entonner le Flower of Scotland en l’honneur de cet immense champion.

    « Le rire est le propre de l’homme » disaient en chœur Aristote, Rabelais et Bergson, sans même connaître l’Ecossais, preuve que les vérités universelles ne sont pas l’apanage du seul Jean-Claude Van Damne.

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  • Exclu : avant son retour dans l’antre de sa gloire phocéenne mercredi soir, Franck Ribéry s’est confié à l’un de nos journalistes. Dans un souci de clarté, les propos du Kaiser ont été « traduits » a posteriori avec l’aval de l’intéressé.

    Nous rejoignons Franck chez lui, dans sa salle de lecture emplie d’un calme studieux si tant est que l’on puisse faire abstraction de la puissance sonore du dernier morceau des illustres Magic System, qui n’a eu de cesse de tourner en boucle durant l’interview. Nous découvrons un Franck Ribéry serein, assis dans un canapé à la rutilance écarlate, plongé dans la lecture d’un livre épais tout en battant la mesure avec le talon d’une de ses mules allemandes sur le carrelage immaculé d’une pièce par ailleurs dotée de plusieurs écrans plats, chacun relié à des consoles de jeux posées négligemment sur une table basse centrale sous laquelle agonise dans son cercueil cartonné la dernière part d’une pizza dont les ultimes effluves ne laissent aucun doute sur l’identité de la garniture : une 4 fromages.
    De peur de violer un moment de réflexion intense et intime qui n’appartient qu’à lui, nous nous raclons discrètement la gorge pour signifier notre présence à l’ancien joueur marseillais. D’abord surpris, puis amusé, il corne avec précaution la deuxième page de ce que l’on devine être « Le monde comme volonté et comme représentation », dans sa langue originale, puis lève ses yeux vers nous, des yeux rougis par l’émotion littéraire et philosophique qu’il venait de vivre et que l’on vient d’interrompre sans scrupule, nous pauvres plumitifs de bas étage. C’est avec un voile de honte dans la gorge que nous débutons cette rencontre qui nous marquera à jamais.

    Seblas : Est-ce que ça va Franck ? Vous lisez Schopenauer ?

    Franck Ribéry : Aaaaah ouais c’liv’ de fils de p..., ça pique à mes yeux ! L’ coach m’a re’filé c’ torch’cul pour qu’je pige queqchose à comment causer comme la langue de Goethals mais c’est auch sa mère la p... !

    Traduction : Merci de vous enquérir de mon émotivité à fleur de peau. Je n’ai pu effectivement retenir mes larmes devant le discernement foudroyant de cet immense génie. C’est sur les conseils avisés de mon entraîneur et mentor que je me suis procuré cet ouvrage. Cela me permet qui plus est de parfaire mon apprentissage de la langue de Goethe même si, je le reconnais avec beaucoup d’humilité, je ne maîtriserai sans doute jamais toutes les subtilités et les inépuisables richesses de l’allemand. A mon grand regret. 

    S : Ce match tant attendu de Ligue des Champions, au Vélodrome face à l’OM, doit signifier beaucoup de choses pour vous.

    FR : Ouais bon c’est clair qu’à Marseille j’me gelais moins les c... qu’en Bavarie. Le soleil, la mer, les p’tits culs en string, j’kiffais tu vois. Marseille ça le fait quoi, y a pas de souci… Mais à un moment donné faulait que je pensais à faire évoluer ma carrière de part vers le haut pour avoir un ratatissement international. Mais bon j’me tapais des barres avec les coéquipiers et j’ai niqué sa mère au PSG, j’déchirais grave les matches, tranquille.

    T : Oui ce match revêt pour moi un caractère particulier, je ne peux le nier. Plus qu’un club, Marseille est une ville où il fait bon vivre grâce à ce climat typiquement méditerranéen au sein duquel je me suis épanoui aussi bien personnellement que professionnellement. Si j’avais le temps, je vous écrirais une ode à Marseille… Mais après ces années merveilleuses, j’aspirais à une destinée internationale dont la condition sine qua non résidait dans l’émigration vers des contrées considérées, peut-être à tort, comme plus prestigieuses. Pour autant, cela n’effacera jamais les moments de franche camaraderie vécus avec mes partenaires de l’époque, ni les joutes extraordinaires menées face au grand Paris Saint-Germain et durant lesquelles - au diable la modestie !- j’ai brillé comme jamais.

    Ses yeux s’illuminent, sa lèvre inférieure tremble légèrement. Il est bientôt temps de nous retirer pour le laisser méditer sur ces souvenirs si vivaces dans son esprit. Non sans une dernière question. La question qui fâche.

    S : Franck, comment expliquez-vous ce désamour du public français à votre égard ?

    FR : Franchement, tu vois, les français j’les enc... ces bâtards. C’est quoi le problème ? Je me suis tapé une p... et alors ? Tout le monde se tape des p.... Et pis j’ai grave déconné à la Coupe du Monde et alors ? Jétais pas seul tout. Franchement ça suffit pas que j’ai z’été chialer comme un pédé à Téléfoot ? Faudrait que j’en prende encore des coups et que j’me bouffe les c... pour qui sonté contents ces enc... ??? Vas-y dégage connard tu me saoules…

    T : Je dois avouer que cela me laisse perplexe. Certes j’ai commis des erreurs, je le reconnais, mais je les assume car elles font partie intégrante de ma personnalité et participent intensément au développement de mon cheminement intérieur vers la Vérité. Je reconnais m’être égaré dans des affaires de mœurs que la Morale réprouve même si cette Morale ne tient qu’à un fil, celui de l’hypocrisie humaine. Puis ce fut la rébellion collective lors de la Coupe du Monde. Mais même si c’était dans l’erreur et la naïveté crasse, nous avons prouvé à la Terre entière que nous étions soudés comme une véritable équipe. N’est-ce pas le plus important ? Je me suis profondément excusé devant les français et j’ai courbé l’échine face à la vindicte populaire. Que puis-je faire de plus ? Le temps n’est plus à la repentance, je dois aller de l’avant et accomplir ma vie d’homme aussi dignement que possible. Je sens la mélancolie s’emparer de moi, je vais vous demander de prendre congé mon ami.

    Nous nous éclipsons respectueusement. Après ce bouleversant échange, seul le silence s’impose.

    Seblas Mauge

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