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    « Complètement inacceptable » Plutôt que d'être célébrées, les grandes femmes britanniques sont effacées de l'histoire ». Pour Sam Smethers, qui se bat pour les droits et l'égalité des femmes au sein de la Fawcette Society, le nouveau passeport britannique, dévoilé il y a trois semaines à Londres par le ministre de l'immigration James Brokenshire et ayant pour thème « le Royaume Uni créatif » est résolument sexiste, apprend-on dans un article paru sur le site du Point.

    La députée Stella Creasy, sur Twitter, se dit « fatiguée par ces conneries » et la députée Emily Thornberry y va elle aussi de son commentaire assassin : « toujours au même point-le nouveau passeport représente 7 hommes et seulement deux femmes ». Le sexe faible y va-t-il trop fort ? Les féministes se payent-elles notre tête?

    Toujours est-il que les twittos du monde entier ont repris en chœur cette complainte. Et dans ce concert de lamentations, on eut bien du mâle à trouver un homme pour ne pas hurler avec les loups. Est-ce à dire que ce faux jeu de l'effigie nous figea ? Oui, car il semblerait que pour prouver son féminisme, il faille désormais publiquement battre sa coulpe pour échapper au scalp. Pour attester qu'on n'est pas misogyne, il faut exhiber son maso-gène car l'important c'est le féminisme qu'on affiche, peu importe si nous sommes le pire des machos en privé. 

    Les détracteurs reprochent au passeport d'oublier bon nombre de femmes ayant marqué l'histoire britannique. Mais est-ce vraiment un problème de sexisme si nous comptons sur ce passeport plus de phallus qu'il n'eût fallu ? Dans une société où, jusqu'à il n'y a pas si longtemps, il était très mal vu pour les femmes de travailler, ne peut-on pas envisager, sans passer nécessairement pour un macho, que davantage de personnalités masculines aient marqué l'histoire dans le domaine créatif ?

    D'autre part, les concepteurs ont essayé de sélectionner des personnalités ayant marqué l'histoire dans des domaines différents : cela va des mathématiques à la littérature en passant par l'invention, l'architecture, la peinture, la sculpture ou encore l'informatique. La sélection oblige à choisir une célébrité représentant au mieux sa discipline. Proposer, par exemple, comme l'a fait la députée Stella Creasy, Virginia Woolf, alors que figure déjà dans la liste, un écrivain, n'est pas forcément très pertinent, sauf à considérer que le choix de William Shakespeare n'est pas inspiré et qu'il ne doit ce privilège qu'au fait d'être un homme.

    Mais au-delà de ce débat purement technique, on peut se demander si toute décision échappant à la sacro-sainte parité sera désormais taxée de sexisme. Ne peut-on pas choisir sans quotas ?

    « nous ne nous sommes pas dit : incluons seulement deux femmes ». se défend Mark Thompson. Mais le seul fait de ne pas avoir pensé à la parité, dans notre société où tout ce qui est viril est considéré comme viral, est un crime grave.

    Faire sans cesse le décompte du nombre de femmes et d'hommes représentés semble être en 2015 le meilleur moyen de lutter contre le sexisme : on n'arrête pas le progrès.

    Si la parité est le signe ultime de l'égalité, alors exigeons-la partout : dans les réunions tupperware où je me fais régulièrement refouler, dans les conseils d'administration des poney-clubs, à la zumba et jusque dans les piscines réservées à l'aquagym.

    « Qui trop embrasse mal étreint » disait Silvio Berlusconi lors d'une de ses fameuses soirées « bunga bunga ». Outre qu'un passeport émasculé a de bonnes chances de devenir une simple carte d'identité, on peut se demander si à vouloir défendre trop de causes, certaines féministes ne risquent pas de se tromper de combat et de rater l'essentiel. Si on peut comprendre que sur certains sujets délicats, comme la prostitution ou le voile, les avis, sans jeu de mot, divergent, d'autres sujets méritent sans doute qu'on laisse tomber cette parité factice pour s'y atteler avec force : on ne défend pas le féminisme simplement avec sa bite et son couteau. Elles ont obtenu la journée de la femme mais pas grand chose sur les violences conjugales. Elles obtiendront peut-être gain de cause sur l'impression de passeports ou de billets mais pas sur leur répartition. Et il y a de grandes chances que les hommes en profitent pour leur rendre la monnaie de leur pièce.

     

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    1. Achetez une Volkswagen. C'est la base si vous voulez polluer efficacement. Non seulement vous êtes sûr de dépasser largement le taux autorisé de particules fines mais vous faites en plus un acte citoyen en montrant que malgré la pression, vous ne céderez pas un pouce de terrain à la montée du fascisme écologique.

    2. Laissez le moteur de votre voiture tourner toute la nuit, de préférence en première, pour polluer avec plus d'intensité. Pensez également à utiliser la voiture pour tous les petits trajets et à vous séparer en plusieurs groupes de un si vous possédez plusieurs véhicules.

    3. Achetez des vaches et stockez-les dans votre jardin. Contrairement aux idées reçues, les vaches, grâce au méthane, polluent davantage que le CO2. Vous pouvez aussi combiner les deux en nourrissant vos vaches essentiellement à base de CO2. Attention toutefois : n'oubliez pas, au préalable, de parsemer votre jardin de pesticides Monsanto pour plus de sécurité. Il serait dommage de mélanger un peu d'herbe saine à ce beau mélange polluant.

    4. Faîtes réchauffer tous vos plats au barbecue. Barbecue au charbon de bois bien sûr, au risque de ne polluer que modérément. Ce dernier présente en effet l'avantage d'émettre à la fois des gaz à effet de serre et des particules fines tout en contribuant à la déforestation. Pour une nuisance environnementale optimale, pensez à utiliser des allume-feux liquides, bourrés de COV (composés organiques volatiles)

    5. Allumez des feux de cheminée, surtout lorsque vous vous absentez. Là encore, vous êtes certains de polluer efficacement mais le plaisir est double car, contrairement au barbecue, qui risque de vous intoxiquer également, le feu de cheminée en votre absence ne sera nocif que pour les autres.

    Dans tous les cas, dites-vous bien que les mesures adoptées pendant la COP21 seront sans doute très superficielles et la plupart des véritables réformes reportées à la prochaine conférence sur le climat.

    Enfin, n'oubliez pas que, quelles que soient les décisions prises, celles-ci ne concerneront que le réchauffement climatique. Autrement dit, il vous sera toujours possible de polluer allègrement en jetant du plastique dans les champs ou en déversant des produits chimiques dans les rivières.

     

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  •  Si un jour vous avez du temps à perdre, je vous conseille vivement d'aller lire les « Qui sommes-nous ? » ou les plus sobres « Présentation(s) » des maisons d'édition. Vous constaterez que le discours est toujours le même : seule la qualité de l'ouvrage compte, peu importe le thème, la maison d'édition se vante d'être sélective mais avant tout éclectique. .

    Pourtant, la réponse à l'envoi d'un manuscrit à telle ou telle maison est aussi invariablement la même : «Malgré ses qualités, votre ouvrage ne correspond pas à notre ligne éditoriale ». Il y aurait donc en fin de compte une ligne éditoriale ? Mais alors quelle est-elle ?

    Est-ce simplement par politesse ou délicatesse que le comité de lecture ne nous donne pas les vraies raisons de son refus ? Je serais tenté de répondre par l'affirmative s'il ne m'était pas arrivé de recevoir une lettre dithyrambique d'une maison d'édition qui m'expliquait que malgré tout, elle n'était pas en mesure de me publier, la faute à la ligne éditoriale...

    La ligne éditoriale, c'est un peu comme la ligne d'horizon, on sait qu'elle existe mais on ne la voit jamais. Plus on essaye de s'en approcher, plus elle nous fuit. Je crois que je préfèrerais encore qu'on me dise : « votre livre, dont la lourdeur du style n'a d'égale que sa prétention pseudo-intellectuelle, n'est pas sans rappeler les heures les plus sombres de ce que certains osent nommer la littérature de Bernard Werber. »

    Mais je me rends bien compte qu'une telle réponse ne me suffirait pas non plus. D'abord parce que Bernard Werber, lui, est publié. Ensuite, parce qu'il suffit d'avoir déjà feuilleté quelques incipits dans n'importe quelle librairie ou supérette pour être définitivement convaincu que la qualité littéraire d'un ouvrage et sa publication sont deux choses complètement distinctes (sauf à considérer que l'usage systématique du présent de narration et des ruptures syntaxiques, comme le font presque tous les auteurs contemporains de manière souvent comique et parfois grotesque, est révélateur de littérature.)

    Dans ce cas, me direz-vous si vous avez eu le courage de lire jusque-là, à quoi bon faire des pieds et surtout des mains pour être publié si les maisons d'édition ne vous trouvent pas à la page et si les éditeurs sont un peu durs de la feuille ? A quoi bon gaspiller des ramettes si c'est pour continuer à ramer ? Et de toute façon, gavés qu'ils sont de manuscrits, que leur importe qu'un minus crie ?

    J'aurais en effet de bonnes raisons d'arrêter. Et de me consoler en me disant qu' avec tous les manuscrits que j'ai envoyés et les refus que j'ai essuyés, je peux me vanter d'avoir déjà à mon actif un nombre non négligeable de lecteurs. Je pourrais me dire également que l'important est que les éditeurs fassent bien leur travail et qu'ils aient permis de faire découvrir de vraies plumes comme La Fouine ou Christine Deviers-Joncour.

    Et bien non, j'ai beau savoir tout ça, chaque fois qu'on me dit que je ne suis pas dans la ligne, j'ai l'impression qu'on me coupe les segments et qu'on me laisse à la marge. Et l'absence de publication reste dans mon esprit une idée toujours aussi difficile à imprimer. Est-ce parce que la ligne est par définition illimitée que j'éprouve toutes les peines du monde à y mettre un terme ? Je ne sais pas.

    Quand je vois l'autobiographie de Maître Gim's sortie il y a peu chez Fayard, je ne peux m'empêcher d'admirer la propension qu'ont certaines célébrités à saisir d'emblée cette ligne éditoriale que j'essaie vainement d'appréhender depuis maintenant cinq ans. Et il faudrait avoir l'esprit très mal tourné pour penser que certains sont édités uniquement par des maisons d'édition que la pub lie. Alors je décide de repartir à la pêche à la ligne dans l'espoir qu'un éditeur morde à l'hameçon.

    Mais que faire quand les lettres qu'on envoie aux maisons d'édition concernées pour en savoir un peu plus restent toujours sans réponse ?

    « Couche avec l'éditeur » me conseille-t-on parfois. « Avec plaisir, réponds-je, encore faudrait-il savoir qui c'est ». Or il est impossible, dans les maisons d'édition, de tomber sur quelqu'un d'autre que les standardistes. Coucher avec l'éditeur, ce serait donc déjà sauter une ligne, quant à la standardiste, que lui dire ? Déjà qu'il est difficile de ne pas passer pour un original auprès des standards, que pourront-ils me dire sur la ligne sinon qu'elle est encombrée ?

    Reste l'option « coucher avec la standardiste ». Certes, elle présente quelques avantages mais pour ce qui est de vous faire atteindre votre but, c'est une autre histoire. Car si l'amour du bigo n'en fait pas pour autant des saintes, il ne faut pas confondre maniement du combiné et art de la combine. Ce n'est pas parce qu'elle est souvent au bout du fil qu'elle va nécessairement vous aider à le trouver. Et il y a de fortes chances pour que vous l'effeuilliez sans qu'on s'intéresse à une seule de vos pages. Même quand la standardiste ouvre les jambes et que vous la faîtes sortir de ses gonds, elle n'ouvre que rarement les portes.

    Et puis toutes ces démarches présentent un autre risque, non négligeable : celui d'importuner le monde de l'édition au risque de devenir un pestiféré dans le milieu.

    En ce cas, on a tout intérêt à rester discret et attendre son heure. Car à tout prendre, mieux vaut une non-édition qu'une malédiction.

     



     

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  • Hier matin, 10 heures, comme souvent, je pars me promener pour écrire et je m'arrête, après quelques centaines de mètres, au bord de la rivière. Une demi-heure plus tard, un cycliste passe et, intrigué me demande, : « Vous faites quoi ? ». Adorant par nature les questions intrusives des inconnus qui ne se mêlent pas de leur trognon, je réponds poliment : « j'écris », ce à quoi il s'exclame, sans s'arrêter et effaré : « vous écrivez !? ».

    Ce n'est que quelques heures plus tard que j'ai repensé à ce bref échange. Ce qui a surpris l'homme, ce n'est pas que j'écrive, tout le monde écrit, toute la journée. Et nul doute que si j'avais tapoté sur un portable, il ne m'aurait même pas adressé la parole. Non, ce qui a fasciné cet homme, c'est que j'aie pu utiliser un papier et un stylo en 2015.

    Sa réaction est somme toute assez logique. Qui utilise encore ces outils d'arrière-garde ? Les écrivains eux-mêmes ne reconnaissent-ils pas écrire depuis leur ordinateur ?

    Soit, mais n'y aurait-il pas une corrélation entre la médiocrité des productions actuelles et le renoncement au papier et au stylo ? Le refus des feuilles ne garantit pas du torchon. La surabondance des romans autobiographiques ou d'actualité ne viendrait-t-elle pas de la tendance des écrivains à rester chez eux et à surfer sur le web en espérant prendre la vague de l'inspiration ? L'abandon de la pure fiction n'est-elle pas favorisée par la difficulté de faire prendre l'air à son ordinateur de compagnie? Il faudrait être bien naïf pour croire qu'en jetant l'encre, on pourra aisément voguer vers de nouveaux horizons.

    Mais il y a autre chose. Le traitement de texte favorise les corrections et incite à écrire les premières phrases produites par le cerveau. Le papier et le stylo, au contraire, par la menace des ratures rendant le texte illisible, invitent l'auteur à laisser les phrases mûrir avant de les coucher sur papier. Or, une phrase qui a eu le temps de mûrir et une phrase corrigée ne sont pas équivalentes. Tout comme il est plus aisé de corriger une phrase mûre qu'une phrase brute. En littérature, ne pas faire de ratures ne suffit pas à éviter les taches. Enfin, ce n'est sans doute pas pour rien que Maurice Blanchot insistait sur le fait que littérature devait se lire « lis tes ratures ». Or, l'ordinateur tend à les effacer.

    Dernier point, l'agitation liée à l'usage de l'ordinateur est peu propice à la lecture. Or, la littérature se nourrit d'elle-même. Si les auteurs ne lisent plus les grand textes, ils ont peu de chances d'en écrire.

    Je parle ici de vraie littérature, pas d'écriture journalistique ou de chroniques pour lesquelles l'ordinateur peut très bien faire l'affaire.

    Bref, je ne saurais trop conseiller à Bernard Werber, s'il a des fourmis dans les doigts, de s'aérer plus souvent. Quant à Christine Angot, si elle voulait bien nous laisser ne serait-ce qu'une semaine de vacances, c'est toute la littérature qui lui en serait éternellement reconnaissante. On aurait pourtant tort de croire que réutiliser le stylo va leur ouvrir un buvard. Pour écrire une œuvre médiocre, l'ordinateur, c'est un vrai gain de temps. A quoi peut bien servir un stylo quand on n'a pas de plume ?

     

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    « Une étude très sérieuse menée en 2007 par Annie Potts, une chercheuse néo-zélandaise de l'université de Canterbury, a recueilli les témoignages de 157 végétaliens. Il en ressort que la plupart trouvent jusqu'à dégoûtante l'idée d'avoir une relation sexuelle avec une personne omnivore » apprend-on sur le site bio-info.com.

    Une participante interrogée explique même qu'elle ne peut pas « [s'] imaginer embrasser une bouche par laquelle sont passés des morceaux d'animaux morts. » C'est ce qu'on appelle la végésexualité.

    Mais à force de chercher un partenaire trop idéal, qui ne mange pas de viande et qui, pour éviter que l'acte soit trop animal, ne soit ni doux comme un agneau ni fort comme un bœuf, le risque est grand que ces amateurs de poireaux ne se reproduisent plus. Et même si en matière de sexualité, il faut parfois savoir éviter les légumes, au risque de faire l'amour comme une patate, avouez que ce serait quand même une perte non négligeable pour l'humanité.

    Car on aurait tort de penser que les végésexuels sont uniquement des gens qui s'enduisent les parties d'huile de sésame ou de lait de soja pour ne pas avoir l'impression de mordiller de la viande. Les végésexuels sont des gens comme les autres, extrêmement tolérants dès lors qu'on est comme eux. « « c'est [...] plus simple d'être avec quelqu'un qui partage cela plutôt que de l'obliger à devenir comme nous. » déclare d'ailleurs, dans un magnifique élan d'ouverture, Diane, 26 ans, sur le même site.

    Ce n'est pas parce que l'épilation totale leur hérisse le poil qu'ils ne savent pas faire preuve d'ouverture et se laisser, à l'occasion, prendre la croupe. Pour la pénétration, on ne la leur fera pas à l'envers : on peut être à cheval sur l'hygiène tout en acceptant de se laisser chevaucher par son partenaire. Et on peut détester les méchouis sans pour autant renoncer à se faire embrocher de temps en temps.

    Quant à ceux qui prétendent qu'il y a une certaine incohérence à aimer la chair fraîche et détester la viande crue, ou à rouler des grosses pelles tout en dénigrant la langue de bœuf, ils oublient que pour beaucoup de végésexuels, les poils permettent de « végétaliser » le contact avec la chair et que pour eux, la pilosité renforce l'érotisme. D'ailleurs, qui a jamais prétendu qu'il faudrait nécessairement se dévêtir pour faire l'amour ? Quiconque affirme qu'on doit être cul-nu pour un cuni me la sort bonne.

    Après tout, n'y a-t-il pas une certaine logique à ce que, pour ne pas laisser son amour en friche, il faille de temps en temps se brouter le gazon ? Et puis, on peut quand même aimer un peu les omnivores, de loin, sans pour autant les porter au nu. Ils n'ont pas le monopole du corps !

    Et pour ceux qui hésiteraient encore à donner leur cœur à quelqu'un qui n'aime que les légumes, rassurons-les : en matière d'amour, il n'y a pas que les végésexuels qui risquent de les carotte.

     

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