• La société française traverse une grave crise et on peut se demander si elle ne serait pas déjà décimée s'il n'y avait en son sein quelques individus décidés à faire corps, envers et contre tout, je veux parler bien évidemment des créateurs de complots en tous genres.

    Quoi de mieux, en effet, pour réunir des gens de tous horizons, pour transcender enfin les différences dans un élan de solidarité nationale, qu'une bonne vieille théorie du complot ?

    Ne serait-ce pas ça, finalement, la solution pour faire triompher le vivre-ensemble ?

    Non, les amateurs du complot, contrairement à ce que beaucoup disent, ne sont pas de vils pervers prêts à tous les fantasmes pour assouvir leurs besoins de sensations fortes. Il ne faut pas confondre cons-peloteurs et complotistes.

    La désinformation sévissant partout, on ne peut que savoir gré à Thierry Messan et ses acolytes de traquer les anomalies et les indices avec la plus grande rigueur scientifique.

    Si Alain Benajam, président du Réseau Voltaire France et proche de Thierry Meyssan, dénonce un « coup fourré » fomenté par le Mossad et la CIA, c'est sans doute qu'il a de bonnes raisons de le faire. Écoutons ses arguments. Quel serait le but d'une telle opération ? « créer une bonne guerre de religion ». Avouez que ça se tient. D'ailleurs, il n'hésite pas à nous inviter à la prudence : « Ne tombons pas dans ce piège grossier ! ». On ne peut que le remercier de montrer l'exemple par ses analyses d'une extrême finesse.

    Certes, la CIA l'a eue mauvaise après le 11 septembre et elle s'est retrouvée dans un piteux état. Mais son désir de se racheter aurait-il poussé ces amères loques jusqu'au crime ? La CIA qui tue de simples civils ? Des espions qui tuent des ex-pions ?

    Cela semble au premier abord, assez farfelu, quand on n'a pas tous les éléments en main. Mais heureusement, le site de Dieudo et de Soral Égalité et réconciliation, nous révèle le chaînon manquant : en réalité, les frères Kouachi, tout comme Mohamed Merah, étaient liés aux services secrets français, apprend-on... tout s'explique.

    Mais Égalité et réconciliation va plus loin. Dans un article daté du 18 janvier, le « journaliste » Laurent Guyénot nous révèle que l'affaire Merah serait une « coentreprise Mossad-DCRI ». Là encore, on peut se dire que tout ça n'est pas crédible, pourtant les arguments sont de poids : « Les similitudes sont trop troublantes pour être dues au hasard ; le profil des suspects, les deux épisodes mal connectés de la tragédie, le siège qui maintient la population en haleine toute une nuit, l’exécution invraisemblable des suspects... »

    Étonnant en effet que le simple fait de tuer des enfants ou de massacrer des journalistes puisse tenir ainsi en haleine la population à l'heure de Motus. Et que dire du meurtre de braves gens qui ne voulaient pas se rendre et qui risquaient tout au plus de tuer quelques civils supplémentaires ? »

    Non, vraiment, qu'a-t-il bien pu se passer ? Le même Laurent Guyénot nous donne la réponse : « Mais la similitude la plus frappante est la récupération par Israël »

    Tiens, donc, la même hypothèse que Benajam (voir ci-dessus) que Soral, Dieudonné et même Yahia Gouasmi (ancien co-listier de Dieudonné et Alain Soral aux élections européennes de 2009) qui « condamne la responsabilité du sionisme dans ces attentats »

    Ça fait beaucoup pour que ce soit simplement le fruit du hasard. L'ennemi serait donc le juif, qui aurait pu le penser ? Avouez qu'un constat aussi nouveau et inattendu laisse songeur.

    Alors, évidemment, il y aura toujours quelques grincheux pour crier à l'antisémitisme, pour dire qu'accuser une communauté sans preuves le jour même de l'attentat peut paraître légèrement contraire à la morale. Mais les complotistes n'en ont cure. Bien au contraire, l'important, pour eux, c'est la recherche de la vérité, au risque que ce soit freine-éthique. Pour déjouer le complot, il faut savoir être cache. N'est-ce pas d'ailleurs curieux qu'on entende « sionisme » dans conspirationnisme ?

    Peut-on leur en vouloir si dix-sept morts et un attentat commis contre la liberté d'expression ne les stimulent pas suffisamment, si c'est encore trop Mossad pour eux ?

    Et peu importe que le deuxième attentat ait été commis contre des juifs, cela n'ébranle absolument pas leur lucidité : l'attentat a été commis dans une épicerie casher et on a saigné les victimes comme des porcs ? C'est bête comme cochon : c'est pour brouiller les pistes.

    Enfin, pour prendre une dernière fois le parti des complotistes, il faut reconnaître que certains de leurs sites sont beaucoup plus drôles que Charlie Hebdo et c'est bien dommage qu'il faille attendre de tragiques attentats pour s'intéresser de nouveau aux thèses de Messan ou de Dieudo.

    La seule chose qu'on peut vraiment reprocher aux amateurs de complots, c'est de ne pas avoir poussé suffisamment loin leurs investigations.

    Qui avait vraiment intérêt à ce que tout ça arrive ? N'est-ce pas étonnant que Jacques Cheminade n'ait pas été présent le jour de la Manif' ? Et si c'était lui Chérif Kouachi ? A-t-il voulu créer une guerre entre les grands partis politiques pour que son fils en bénéficie aux présidentielles de 2047 ? Autant de questions palpitantes qui sont encore loin d'être élucidées.

     

     

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  • «Il était très serviable, ultra poli, une politesse presque curieuse». Et puis, «il aidait les jeunes filles avec des caddies un peu lourds». Et il lui arrivait même de «prêter des tournevis et des marteaux à des voisins».

    Mais surtout, il «baissait les yeux quand il croisait les femmes»

    Voici la description de Chérif Kouachi par un de ses voisins (20minutes.fr).

    Quant à Mohamed Merah, le tueur d'enfants, c'était un jeune homme «normal», qui «achetait des bonbons» aux enfants de son quartier et «jouait beaucoup au foot». «Gentil, calme, respectueux», il était un voisin modèle, de celui «qui vous donnerait un coup de main pour monter un canapé». (Europe 1.fr).

    La liste est loin d'être exhaustive. On trouve à peu près le même genre de déclarations quand on interroge les voisins d'autres grands criminels.

    Moi qui ai souvent eu des voisins se plaignant du bruit voire menaçants au point que j'ai dû, il y a quelques années de cela, faire une main courante, que n'aie-je eu l'idée d'habiter à côté de djihadistes ou de tueurs en série ?

    Si j'avais eu la bonne idée d'être le voisin de Chérif Kouachi, par exemple, j'aurais sans doute été moins seul pour monter mes courses. Mais c'est surtout pour mon déménagement que je regrette de ne pas avoir habité à côté de Mohamed Merah. Et c'est avec une pointe de regret que je me dis qu'ils ne seront malheureusement plus là pour aider les autres à mieux vivre ensemble en leur donnant un coup de main à la moindre occasion.

    Il est évidemment difficile d'imaginer que derrière un divan se cache parfois un Colonna et que si le voisin a autant de tournevis chez lui, c'est parce qu'il a plus d'un tour dans sa boîte à outils. On ne peut pas se méfier de tout le monde et ce serait faire provision de paranoïa de penser que tout homme qui aide des jeunes filles à remplir un caddie va forcément finir par les courser. Ou de croire que si le voisin offre des bonbons aux enfants, il ne va pas tarder à leur montrer son sucre d'orge. Mais n'est-ce pas la meilleure arme du criminel que de faire croire qu'il n'en a pas ? Et le principe de tous les pédophiles que de ne pas se découvrir trop tôt ?

    Qu'attendent les journalistes qui vont interroger les voisins : qu'on leur dise que l'assassin portait continuellement un écriteau « je suis un tueur, je vais bientôt passer à l'action », qu'il avait déjà violé cinq enfants de la cité et tué deux vieillards mais qu'ils attendaient patiemment que les journalistes de BFM TV viennent leur rendre visite pour leur révéler ?

    Quelles traces de barbarie fumeuses espèrent-ils découvrir ? Que le djihadiste avait tendance à parler dans sa barbe et le pédophile à crier sur ses barbies ?

    A quoi sert-il de continuer à interroger les voisins des tueurs quand les réponses sont toujours les mêmes ?

    Que les chaînes d'info en continu se livrent à ce petit jeu en attendant que tombe la neige et que les journalistes jouent les faux cons en attendant les flocons, on peut le comprendre, mais que les autres médias arrêtent enfin de faire comme si nous étions tous nés de la dernière pluie.

     

     

     

     

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  • Qui n'a jamais rêvé, à l'aube d'une nouvelle année, d'avoir une vie plus confortable et de gagner davantage d'argent ? Après tout, il est normal que commencer une nouvelle année soit synonyme de prendre à nouveau des parts.

    Mais ce n'est pas avec un poil dans la main qu'on va s'en mettre plein les pognes. Et dans l'orgie de textos de bonne Année qui caractérise habituellement la Saint-Sylvestre,  il faudrait parfois que nous-mêmes, pour prendre une bonne résolution, contre les réseaux luttions.

    Quand bien même on prendrait de bonnes résolutions, est-on en mesure de dire si elles sont bonnes alors qu'elles surviennent souvent à peine quelques heures après une soirée bien arrosée ? Est-il besoin de rappeler que lorsque les confettis et les cotillons de la veille jonchent encore le sol, Juge et Party ne font pas toujours très bon ménage ?

    La première chose à faire est de prendre quelques jours de réflexion et de confier vos projets à un proche. L'ami porte conseil tandis que la nuit porte au cocktail.

    Que dirions-nous à Hollande si l'on apprenait par exemple que sa résolution pour 2015 est d'en faire un peu moins et de ralentir la cadence ? Irait-on dans son sens ? Oui, si l'on considère qu'il ne sert à rien d'aller trop vite lorsqu'on traverse le désert en pédalo.

    Non, si l'on considère que pour démouler un Flamby, Valérie Trierweiller et Julie Gayet le savent mieux que personne, il faut savoir tirer un coup sec.

    Mais pour tenir ses engagements, il faut déjà réussir à en faire.

    Or nombreux sont ceux qui n'ont aucune résolution et qui ne se forcent pas spécialement pour trouver des idées.

    Si vous êtes dans ce cas-là, prendre de mauvaises résolutions peut en être une bonne si c'est pour vous la seule possibilité de les tenir. Décider qu'on va prendre trois kilos, c'est un bon moyen de faire pencher la balance de son côté. De même que décider de ne plus rien branler est idéal pour éviter la masturbation intellectuelle.

    Parfois, on aimerait bien que ce soit les autres qui prennent de bonnes résolutions, voire des résolutions définitives. Mais, si souhaiter la mort de son conjoint est un bon moyen de faire coexister veuvage et vœu vache, il existe toutefois des solutions moins radicales.

    Le risque inverse existe également : si vous prenez trop de résolutions et que vous n'arrivez à en tenir aucune, il y a de fortes chances que vous pensiez que vous ne valez pas un clou, surtout si vous en avez marre tôt. 

    Vous pouvez alors opter pour des résolutions très raisonnables.

    Ne pas prendre plus de vingt kilos au cours de l'année est par exemple un objectif tout à fait abordable, surtout si vous avez moins de trois ans.

    En choisissant de ne plus manger de brocolis le lundi, vous avez également peu de chances de faire chou blanc. Mais ne pas se prendre le chou ne suffira sans doute pas pour qu'on vous lance des fleurs. Si vous voulez séduire votre conjoint en lui montrant que vous avez changé, il faudra autre chose qu'un dérivé du chou pour lui faire tourner la tête.

    En outre, si les résolutions qui ne mangent pas de pain sont sans doute le meilleur moyen de ne pas en avoir sur la planche, elles risquent de vous laisser un peu sur votre faim en ne vous poussant pas à vous en payer une bonne tranche. Or il n'y a rien de tel que de se trouver à mie-chemin entre le foie gras de Noël et le pâté de campagne de la cantine pour se sentir pris en sandwich.

    L'autre problème, c'est que l'on n'a pas toujours les moyens de ses ambitions.

    Choisir de manger bio quand on n'a pas un sou, c'est s'exposer à manger une banane par semaine. Et trouver moins cher que les patates peut vite devenir une corvée.

    Mais pour pallier à cela, il suffit parfois de ne pas tout prendre au mot. Vos rêves de chirurgie esthétique peuvent très bien, avec un peu d'imagination, trouver leur accomplissement dans la maternité. Remplacer un nez refait par un nouveau-né, c'est d'une certaine manière montrer ce qu'on a dans le ventre.

    De toute façon, comme l'argent n'a pas d'odeur, mieux vaut lui rire au nez car il y a peu de chances qu'il montre le bout du sien.

    Enfin, il y a le problème des résolutions contradictoires.

    Décider, au moment même où il prend la résolution de vous quitter, de consacrer davantage de temps à son conjoint, c'est en avoir un de retard.

    De même, on ne peut pas souhaiter gagner plus d'argent et rester parfaitement honnête. Quant à monter son entreprise avec Hollande au pouvoir, cela relève carrément du contresens historique.

    Sans oublier les résolutions qui vont à l'encontre de l'horoscope et qui se terminent souvent en des astres.

    La meilleure solution serait bien sûr de laisser votre famille pour toujours et de partir vivre seul afin que personne n'interfère dans vos résolutions. Se faire la malle ne peut que vous faire du bien. Mais il ne faut pas non plus désespérer ou tomber dans la paranoïa: il arrive parfois que tout tombe très bien et que le sort ne s'emmêle pas. Décider d'avoir un nouvel enfant quand votre femme choisit de partir avec les vôtres, c'est faire preuve de timing à défaut de clairvoyance. Et puis, avoir de la merde dans les yeux, c'est le meilleur moyen de retrouver plus vite chaussure à son pied.

     

     

     

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