Camille était un peu à court d'arguments devant Nelson Montfort, le seul blanc crépu d'Europe, lorsqu'il s'est agi de justifier sa prestation et surtout sa fin de course qui l'a vu rétrograder de la deuxième à la quatrième place.

A la question : « Comment se fait-il que vous ayez finalement été trop court à la touche alors que le deuxième place vous semblait promise ? », le fiancé de Valérie Bègue n'a pu que bredouiller une anaphore que n'aurait pas renié Jean-Claude Van Damne : « c'est le sport, c 'est les jeux, c 'est la vie » ratant de peu l'alexandrin parfait qui était pourtant à sa portée s'il avait eu l'idée d'ajouter « that's poker ». Le Gourcuff de la natation se reprit ensuite dans un élan de lucidité empreint de poésie : « mais ça fait chier quand même »

Mais la réponse ne satisfit pas celui qui avait pour habitude de les dicter lui-même à tous ceux qui avaient l'immense bonheur d'être invités à son micro, si bien que cet extraordinaire enjoliveur de contre performances, cet admirateur de la banalité, cet encenseur invétéré, ce triple champion olympique du « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil », frustré comme jamais de voir les Français battre les Américains et de devoir interviewer dans la langue de Molière et qui n'hésiterait pas à les interroger en latin s'il en connaissait l'existence, se trouva subitement sans voix et sembla hésiter entre l'envolée pathético-tragique du destin contraire et la tirade lyrique pleine d'espoir pour l'avenir, option qu'il choisit finalement.

Si l'infatigable militant pour la survie du slip de bain en milieu javellisé semblait avoir bien du mal à trouver des raisons à son échec, lui qui avait pourtant viré en tête à mi-parcours, notre rédaction a, en revanche, quelques idées sur la question. Au moins quatre :

1. N'est-il pas gagné par une certaine lassitude après son entrée dans la cour des grands en 2010 et en 2011 au cours desquelles il a râflé un championnat d'Europe et un championnat du monde ?

2. Serait-il nostalgique du temps où la France perdait ? Ses coulées, moins performantes qu'à l'accoutumée, seraient-elles un éloge posthume à la peur de gagner ?

3. Pensait-il déjà à la façon dont il allait enlever son bonnet et secouer ses cheveux du mieux possible afin de retrouver une coiffure décente à la sortie de l'eau et ne pas décevoir sa cour ?

4. Ses deux parents étant facteurs, il se peut qu'il commence à développer une certaine aversion pour les courses.

Le plus grand promoteur de la natation chez la ménagère de moins de cinquante ans pourra se consoler en se disant que compte tenu de son final, il aurait très bien pu lui aussi être disqualifié des jeux. Quatrième, finalement, c'est une bonne place.