• Une messe sans Messie

    Un office sans référence au Fils, une transcendance sans ascendance, un engagement sans vocation, des chants sans invocation, un thé au logis en guise de théologie et même des chorés sans curé : « L'assemblée du dimanche », qui se réunit au nord de Londres, c'est un peu comme le Canada Dry, ça ressemble à une église, ça a la couleur de l'église mais ce n'est pas une église. Est-ce pour ça que ça désaltère ?

    Oui, si l'on en croit ses deux fondateurs, les comédiens Pippa Evans et Sanderson Jones, qui ont « détecté dans la société une soif pour des rassemblements athées empruntant à la pratique religieuse », selon Le huffington Post.

    "Il y a beaucoup de choses dans la pratique religieuse qui n'ont rien à voir avec Dieu: (et vice versa, aurait-on envie de répondre) il s'agit de rencontrer des gens, de réfléchir aux moyens d'améliorer sa vie", explique à l'AFP Sanderson Jones.

    "Aider souvent, vivre mieux et s'émerveiller davantage", tels sont les préceptes de "l'Assemblée du dimanche", qui semble faire des émules aussi bien au Royaume-Uni qu' à l'étranger.

    A quoi ressemble ce type de cérémonie ? Le Huffington Post nous en donne un aperçu :

    « Appelés à réfléchir sur le thème du bénévolat, les fidèles chantent "Help" des Beatles et "Holding Out For A Hero" de Bonnie Tyler ». Il faut effectivement un certain sens du sacrifice pour supporter ces deux chansons.

    Ils écoutent ensuite un "sermon" prononcé par le fondateur d'une association spécialisée dans les questions d'éducation. Une autre fois, rapporte Lefigaro.fr, c'est « un professeur de physique à moustache », Russell Arnott, qui vient « animer une partie de la cérémonie » dans le but d’« expliquer les sciences à ceux qui sont nuls en sciences. »

    Bref, peu importe le thème de la prédication dans cette assemblée sans quête ni requêtes, du moment que c'est intéressant, éloquent et exprimé avec agrément.

    L'important, c'est de prêcher dans le disert. A condition simplement que ça ne dure pas une éternité.

    Enfin, toujours selon Le Huffington Post, « dans une intervention appelée "Pippa fait de son mieux", la comédienne-fondatrice suscite l'hilarité de l'assemblée en racontant ses expériences en matière de volontariat ». On ne pouvait décemment pas s'attendre à ce que la comédienne ne pipât mot.

    « L'office s'achève sous les vivats de l'assemblée et aux cris de "Qui veut une tasse de thé?"preuve que ce type de réunion est en tout cas la leur.

    Mais le succès de la "Sunday Assembly" ne s'arrête pas là. Il montre, selon ses fondateurs, que beaucoup d'urbains athées ressentent un besoin d'appartenance à une communauté.

    "Vous pouvez passer une journée entière à Londres sans parler à quiconque", souligne Pippa Evans. "Je pense que les gens ont vraiment envie d'un lieu de rencontre, qui n'implique pas de boire », commente la fondatrice, comme quoi tous les chemins de l'église sans Dieu ne mènent pas au rhum : on ne remplace pas nécessairement un Notre père par un autre verre. L'église sans Dieu n'est pas Woodstock, ni l'alcool ni la communion des seins ne seront jamais ses deux mamelles.

    Les fondateurs admettent que leurs célébrations empruntent beaucoup au christianisme. D'ailleurs, leur église a reçu le soutien de membres du clergé.

    "En fait les plus agressifs à notre égard sont sans doute certains athées, qui estiment que nous desservons l'athéisme, que nous n'avons pas une bonne façon de ne pas croire en Dieu. C'est assez drôle", remarque-t-elle.

    N' y a t-il pas une certaine logique à ce que les désirs d'élévation de ces laïcs ne fassent pas les Athées rire ? Eux pour qui la Foi n'est rien pensent sans doute que ces nouveaux adeptes ne font pas assez fi d'elle.

    Le problème de Dieu, s'il existe, c'est qu'il est omniprésent. Comment garantir alors à ces fidèles qu'il ne sera pas là ou pire, qu'il ne sera pas lui-même à l'origine de ces élans d'amour et de générosité que l'église sans Dieu promeut ?

    Le vicaire local Dave Tomlinson, venu d'une église voisine pour observer ses nouveaux "rivaux", déclare d'ailleurs : "J'ai senti qu'il y avait autant de ce que j'appelle Dieu ici que dans ma propre église ce matin", dit-il. "Tout ce qui a été dit ici aurait tout à fait sa place dans mon église. J'espère que cela va prospérer".

    En outre, on est en droit de se demander si créer une ambiance du feu de Dieu en son absence ne tient pas déjà du miracle.

    Mais les fondateurs de cette Eglise Athée ont tout prévu. L'un d'eux nous explique ( source :Franceinfo.fr) : "Imaginez que vous avez un caillou dans votre chaussure, vous n'allez pas jeter la chaussure, vous allez juste jeter le caillou. Voilà ce que nous avons fait, nous avons gardé le principe de la religion, mais nous avons jeté le caillou, qui est "Dieu"".

    Sachant que le principe de la religion, c'est de se rapprocher de Dieu, le raisonnement semble imparable. Le responsable de toutes les guerres de religion, de l'intolérance, de la haine, serait donc Dieu et les hommes seraient innocents de tous ces crimes.

    Mais là où l'église sans Dieu fait plus fort que l'église avec, c'est qu'elle parvient à enlever un caillou qui n'existe pas, l'église sans Dieu se revendiquant « athée ». Même à Lourdes, on n'avait jamais vu ça.

    Sur une Pierre, Jésus a bâti son église. Débarrassée de son caillou, l'église sans Dieu est bien décidée à construire la sienne.

    « Rentrer sans frapperLe « Moi président » aurait permis à 300 patients atteints d'Alzheimer de retrouver la mémoire. »
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  • Commentaires

    1
    caliméro
    Samedi 20 Septembre 2014 à 08:31
    Comme quoi un caillou peut en cacher un autre...
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