• Quelle note mettre au BAC 2013 ?

     Chaque année, on entend des mauvaises langues remettre en question le bien fondé du BAC : le niveau des élèves aurait baissé, les pourcentages de réussite sans cesse plus élevés seraient davantage le fruit d’une politique du ministère que le gage d’une progression etc… Alors que bon nombre de bacheliers sont encore en train de cuver leurs résultats, faudrait-il en conclure que l’année 2013 n’est pas un bon cru ? Certes, la quasi-totalité des universités propose désormais des cours de rattrapage aux étudiants mais cela veut-il dire pour autant que ceux-ci n’ont pas toutes leurs facultés ? Forte de son expérience récente de correction du BAC de Français, notre rédaction a mené l’enquête.

    « Qu’elle que chose », « A l’eguar », « Les resin », « appart que » : un rapide coup d’œil sur les copies pourrait suffire à nous alerter sur le niveau des élèves mais celui-ci se mesure-t-il à l’aune de l’orthographe ? Doit-on automatiquement les condamner pour faute grave ? L’essentiel n’est-il pas qu’en un clic, nos élèves puissent avoir accès à l’intégralité de la biographie de Justin Bieber, seule garantie plausible de leur future réussite ?

    Reste la culture. Selon les médisants, elle serait noyée dans la bouillie télévisuelle qu’ ingurgitent chaque jour nos enfants. La télé fait-elle écran au savoir ? Pas sûr. Lorsqu’on est capable de regarder quatre heures durant Nabilla et ses acolytes sans sourciller, n’est-ce pas le signe définitif qu’on est prêt à tout affronter et à se jeter allo ?

    Un examen plus attentif des copies prouve en effet que les élèves ne manquent pas de ressources :

    Tout d’abord, on voit que les élèves sont toujours capables de situer un auteur dans une période, à trois siècles près : « Colette et Steinbeck font partie du mouvement du classicisme » et que contrairement aux idées reçues, ils ont donc encore de la culture, comme le prouve ce commentaire sur un extrait de Giono : « Le labyrinthe de buis peut nous faire penser à la légende du Minotaure ».  Ou pas aurait sûrement dit Christophe Hondelatte.

    Ce qui frappe également dans les copies des candidats, c’est leur formidable esprit logique. L’un d’entre eux, après quatre heures d’analyse approfondie du même extrait de Giono, situé manifestement au beau milieu de l’œuvre, conclut : « Nous pouvons voir que ce texte n’est pas un incipit ». Or ce bon sens et cette étonnante lucidité sont loin d’être des cas isolés. Un autre candidat, après avoir brillamment comparé les trois textes proposés qui mettaient en valeur une figure féminine, termine ainsi son devoir : « En conclusion, nous pouvons dire que les trois femmes présentes dans ces extraits sont avant tout des femmes ». Imparable.

    Pour autant, les élèves ont le mérite de ne pas sombrer dans les clichés et de ne pas se contenter d’enfoncer des portes ouvertes. Ainsi, l’un d’eux, flairant le piège, nuance intelligemment son propos : « La mère, dans le texte de Colette, est décrite avec des termes mélioratifs, ce qui montre que le texte est péjoratif ». Et Vice versa, pourrait-on ajouter.

    De même, les candidats ne se contentent pas de comprendre ce qui est dit dans le texte, ils sont également capables de repérer l’implicite. Dans le texte de Colette par exemple, lorsque la mère revient de Paris les bras chargés de barres chocolatées et de victuailles en tout genre et que les enfants l’attendent sagement à la maison, un candidat, sans doute prédestiné à l’art divinatoire ou descendant de prophète, n’hésite pas à anticiper la suite du récit « On peut supposer qu’elle donnera ses aliments à ses enfants ». Cela tient du prodige !

    Mais le génie des bacheliers de 2013 ne s’arrête pas là car en dépit de tout ce qu’on raconte sur la société d’images dans laquelle nous vivons qui briderait l’imagination des jeunes, ceux-ci renouvellent sans cesse le genre poétique en dépassant les limites étriquées du langage formaté. C’est ainsi qu’on voit des élèves oser la licence poétique (« elle est décrite de façon spectaculeuse », « Malgré sa fatigue, la mère sourissait »), redonner ses lettres de noblesse à la figure du pléonasme (« Elle fait une description du portrait », « Les trois extraits sont des nouvelles de romans »), utiliser avec brio la personnification (« Les enfants et leur ressenti ont l’air d’être heureux à ses côtés »), remotiver les images (« Les Raisins en colère », référence sans doute à la pomme de la discorde) ou redoubler d’originalité dans l’usage des comparaisons tout en rendant un vibrant hommage à Bernadette Chirac (« Son cœur n’a aucune limite, comme si se cachaient en elle toutes les associations caritatives du monde entier »).

    Leur esprit synthétique n’est pas en reste, ils savent aller droit à l’essentiel sans s’encombrer de ponctuation inutile ou de verbes superflus, voulant sans doute par là faciliter la tâche du correcteur : « Beaucoup de lieux évoqués. Omniprésence féminine. Champ lexical des vêtements ».

    Enfin, l’imagination des élèves est telle qu’elle nous transporte parfois dans un univers de Science-Fiction (« Elle portait un sac dans le bras droit ») sans jamais se départir d’une grande cohérence (« Dans Harry Potter -notez au passage la culture de l’élève-, le personnage est un sorcier comme les autres, si l’on oublie ses particularités. »). Mais surtout, le style inimitable des élèves (« C’était un rayon de soleil », « c’était une fée », « c’était un ange »), est la garantie pour la France que la littérature ne mourra pas avec Guillaume Musso ou Marc Lévy mais qu’elle a encore de belles années devant elle.

    Alors, quand un élève termine son devoir par cette phrase : « D’un geste, d’un regard, il a vu que je stressai pour le BAC et trouva une solution : il me faisa rire. », on se dit que décidément, franche rigolade et franche réussite vont souvent de pair.

     

     

     

     

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  • Commentaires

    2
    kodati
    Jeudi 11 Juillet 2013 à 12:41

    Word pas wor (sétè une vraie fôte!!) minsse!

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    1
    kodati
    Jeudi 11 Juillet 2013 à 12:40

    Aïe, sa fè males! A kand le bac sur ordi portabl, com sa Wor wa nous corrigés l'ortografe! Et dan 30 anc c'è nous qui serons les ministre de la Frence!

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