• Les premiers émois d'Emmanuel

    Quand, en matière de meeting de campagne, on est puceau, il faut savoir préserver son organe. Et le beau gosse de service devrait savoir que ce n’est pas en criant comme un putois qu’on va attirer la belette. Mais M. Macron n’en a cure car pour lui, la légitimité n’existe pas. Il est d’ailleurs convaincu qu’« être élu est un cursus d'un ancien temps », un temps où les politiques avaient encore des convictions et un peu de dignité sans doute : ça tombe bien, il y a de fortes chances pour qu'il ne sache pas tout de suite ce que ça fait.

     

    A force de n’écouter personne, il s’est en tout cas attiré une avalanche de commentaires acerbes sur les réseaux sociaux, preuve que quand le roquet aboie, le car à vannes passe. « La meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler » disait-il. Et la meilleure façon de s'en faire tailler un, c'est de ne pas bosser sa voix. Mais cela n’empêche nullement certains médias de voir en lui l’incarnation du changement. Ce n’est sans doute pas un hasard si « Le Point », journal anti-libéral et anti-système s’il en est, lui a consacré environ 1423 articles en deux semaines.

     

    Que lui trouve-t-on au juste ? La jeunesse ? Certes et Macron prouve, si besoin était, que la fadeur n’attend pas le nombre des années. Le changement ? quel changement ? Celui qui consiste à penser, comme le candidat l’a affirmé, que « le libéralisme est une valeur de gauche » ? La nouvelle politique de Macron, c'est un peu comme le renouveau promis par Bruno Le Maire : il n’y a que ceux qui ont cru à la ressemblance entre le Canada Dry et l’alcool qui peuvent y adhérer. Promettre qu'on va tout changer et que le futur président va retrouver du pouvoir en étant pro-européen, c’est croire que les bébés, à Bruxelles, naissent dans les choux.

     

    La Macron-économie

     

    Qu’à cela ne tienne, Manu est bien décidé à exploiter le filon pour mieux terrasser Fillon. Il ne propose pas seulement un changement, ce qu’il veut c’est « une révolution », comme il l’a écrit dans son livre, et une révolution sans programme, ou avec un programme qu’on construit après s’être lancé dans la course à la présidentielle, ça inspire le respect. Tout comme le terme « révolution » d’ailleurs. Macron qui écrit « La révolution », il faut avouer que c'est au moins aussi fort qu' Olivier Besancenot qui écrirait une ode à « L’ultracapitalisme ».

     

    Et pour prouver que celle-ci est réalisable, celui qui ferait passer François Fillon pour un communiste s’il n’avait pas autant la cote dans les médias a baptisé son mouvement « En marche ». Vers quoi ? nul ne le sait. Ce qui est sûr en revanche, c’est que Macron nous démontre que ce n’est pas parce qu’on est en mouvement qu’on ne peut pas incarner l’immobilisme. Que ce n’est pas parce qu’on s’appelle « En marche ! » qu’on se préserve d'en rater une. Et que ce n'est pas parce qu'on s'appelle Macron qu'en matière d’économie comme de politique, on ne peut pas être un micron.

     

    L’ancien banquier de Rotschild qui déclarait il y a peu « Les salariés doivent pouvoir travailler plus sans être payés plus » serait donc le nouveau candidat anti-système. Celui qui déclarait « Si j'étais chômeur, je n'attendrais pas tout de l'autre, j'essaierais de me battre d'abord » serait le rassembleur que la France attend. Celui qui invente des qualificatifs à la laïcité pour ne surtout pas avoir à l’appliquer serait le vrai défenseur de la République. Celui pour qui l’une des priorités est que « des jeunes Français aient envie de devenir milliardaires » serait le candidat qu’il nous faut pour lutter contre la finance et répartir plus équitablement les richesses. Celui qui réduit tout à l’économie et qui ne voit dans l’immigration massive qu’une possibilité de faire davantage pression sur les bas salaires aurait le cœur sur la main.

     

    Très peu pour moi. Mais je me console en m’imaginant, après une rouste monumentale d’Emmanuel au premier tour, écouter Alain Chamfort et chanter avec lui « Porté disparu Manu rêva… ».

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