• Les livres : des cadeaux qui n'emballent pas?

    Quand le matin de Noël, je commence à palper, à travers le papier cadeau, la forme d'un livre, il m'arrive parfois de croire à la légende du Père Fouettard et de me demander quel crime j'ai bien pu commettre pour subir un tel châtiment.

    Et je ne sais pas ce que je redoute le plus : revenir aux racines du mal avec Adam ou toucher du doigt l'immortalité de Jean d'Ormesson. La peur d'être gavé de Gavalda ou l'angoisse de découvrir les dernières histoires de fesses d' Angot, celle qui confond sans cesse réalité et frictions et qui croit faire de l'art en faisant du cochon.

    Car il ne suffit pas de peloter un livre pour être excité, loin de là. Et le problème ne vient pas seulement de sa platitude.

     

    Devant la mort de la littérature : à vos recueils 

    Mon premier réflexe serait d'alimenter le feu avec ces bouquins et je me dis qu'après tout, se servir d'un Amanda Sthers comme d'une bûche, c'est une bonne façon de montrer de quel bois on se chauffe. Mais brûler un livre est un bien mauvais symbole et risquerait d'échauffer les esprits pour rien.

    Je ne suis évidemment pas obligé de lire ces livres mais il faut avouer que classer Gavalda juste à côté de Gary, c'est un peu la promesse du crépuscule et puis pas besoin d’en connaître un rayon en littérature pour comprendre que trouver une place à un de ces « livres » dans sa bibliothèque, c’est déjà trop lui en faire.

    L'autre problème, c'est qu'à la base, je ne sais absolument pas faire semblant.  Alors feindre de prendre du Foenkinos pour du Flaubert ou du Douglas Kennedy pour du Oscar Wilde, c'est prendre des écrits pour des glands ternes et ça demande carrément des dons de prestidigitation. Or le seul lapin qui risque de sortir du chapeau, c'est celui que l'auteur pose à la littérature.

    Reste l'improbable effort d'imagination. Mais c'est comme essayer de faire passer le surimi de la cantine pour du homard : il faut se pincer pour y croire.

     

    Tel est prix qui croyait prendre 

     

    Pour couronner la laideur ambiante, on ne trouve plus maintenant de livre sans son bandeau.

    C'est, il faut l'avouer, une démarche honnête de la part de l'éditeur que d'inviter le lecteur à se le mettre sur les yeux pour éviter toute mauvaise surprise et cela symbolise parfaitement l'aveuglement auquel il faut se soumettre pour se faire croire qu'on a affaire à de la littérature.

    Quant à la tête d'Amélie Nothomb en couverture, elle participe de la même démarche de sincérité, elle a le mérite de ne pas nous mentir : « Attention : ici, tout rêve est interdit ».

    Et puis il y a les prix : tant de gens continuent à être convaincus que cela confère au livre l'assurance d'une certaine valeur littéraire qu'ils regardent tous ces brochés avec des yeux de merlan frit, comme s'il s'agissait de caviar.

    Et peu importe que la littérature coule. Pour les éditeurs, l'important est de savoir prendre l'acheteur dans ses filets pour continuer à noyer le poisson.

     

     

     

     

     

    « Au royaume des aveugles, les gosses sont roisComment prendre de bonnes résolutions? »
    Google Bookmarks Blogmarks

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :