• Le Tour sangtenaire

     « Je suis simplement heureux d'avoir été en mesure de (…) montrer aux gens que le cyclisme a vraiment changé.» a déclaré Chris Froome, le récent vainqueur du Tour. Quel sens du partage, quelle générosité chez ce britannique, on n’avait pas vu ça depuis Andy Murray. Le Tour, qui fêtait son centenaire cette année, a-t-il tant changé que ça ?

    La roue tourne ?

    « Ça doit vraiment être l'un des sports les plus propres, si ce n'est le plus propre.» a ajouté Chris Froome dans une interview donnée à Reuters TV. Tout dépend de ce qu’on entend par propre : cette expression désigne-t-elle les sportifs eux-mêmes ou le matériel qu’ils utilisent ? En matière de brillance, les cyclistes ont beau sucer des roues toute la journée, difficile de trouver plus propre que le curling. En revanche, si l’on met de côté Paris-Roubaix, il faut avouer que sur le Tour, les coureurs portent assez beau, même en fin d’étape, la palme revenant bien sûr à Froome qui a terminé l’épreuve sans transpirer.

    Froome, c’est un nom prophétique puisque c’est le bruit qu’il fait quand il pédale à 418 watts sur la portion du Ventoux à l’abri du vent, soit 4 de plus qu’Armstrong et Pantani  et 417 de plus  que Pépère sur son pédalo. Le seul homme qui descend quand il monte mérite-t-il d’être descendu maintenant qu’il est au sommet ? Le vainqueur de Tour le plus pâle depuis Greg Lemond est-il vraiment tout blanc ?

    S’il faudra encore quelques séances de musculation au Britannique, sa calvitie est en tout cas une première étape méritoire dans sa tentative de ressembler à M. Propre.

    Personne n’est dupe, tout le monde se dope ?

    Tout d’abord, à l’heure de l’argent roi dans le sport, reconnaissons au cyclisme une certaine fraîcheur proche des valeurs olympiques. Dans ce sport, on ne se dope pas pour amasser de l’argent, on se dope encore pour le plaisir puisque même le peloton amateur n’échappe pas à la règle.

    Alors, sont-ils tous dopés ? On ne l’espère pas pour le Canadien Svein Tuft,  arrivé 169ème et bon dernier à 4 heures 27 minutes et 55 secondes de Christopher Froome et à qui on conseillerait bien d’essayer un autre sport.  Mais le fait que de toutes les pratiques dopantes répertoriées à ce jour, l’autotransfusion de sang, à laquelle avait recours Armstrong (imité depuis par beaucoup de cyclistes), soit la seule à être indétectable n’invite pas à l'optimisme. Doit-on se faire du mauvais sang pour autant ?

    Pas forcément car si on additionne  tous les commentateurs sportifs, les anciens champions voire les douaniers (invités selon le Canard du 10 juillet à ne pas abuser des contrôles l’année du centenaire) qui, question dopage, s’en lavent les mains, on se dit que le cyclisme a encore de beaux jours de propreté devant lui.

    La grande boucle du dopage

    On aurait toutefois tort de cantonner le dopage au cyclisme. C’est un art planétaire, comme le démontre  le récent rapport de la commission du Sénat. On y apprend par exemple l’absence de volonté politique de lutte contre le dopage chez la Fédération internationale de tennis. La FIT a même passé un contrat d’exclusivité pour la mise en  place de ses contrôles avec une société privée, IDTM. De fait, aucune autre organisation ne peut diligenter de contrôle sur les compétitions internationales. Un bon moyen d’éviter de se tirer une balle dans le pied !

    On y apprend aussi qu’il n’y aura pas de véritable avancée en matière de dopage tant que les fédérations sportives seront les premières autorités censées condamner les sportifs pour dopage, Le médecin Jean-Pierre Mondenard insiste sur "la nécessité de séparer la lutte antidopage du monde sportif car on ne peut pas à la fois courir après les médailles et empêcher les sportifs de s’en donner les moyens, tous les moyens !" Bref, si c’est le milieu sportif lui-même qui s’occupe des contrôles d’urine, autant pisser dans un violon !  

    Enfin, on y apprend que dix pays de l’Union Européenne ne transmettent pas à Interpol les données relatives aux procédures et condamnations pour dopage  et un seul parmi les grands pays de sport : l’Espagne. Quoi ? Les sportifs espagnols dopés ? Faudrait-il rendre raison à notre Yannick national, qui avait déclaré en Novembre 2011 que les sportifs espagnols étaient « comme Obélix,  tombés dans la marmite. » ? C’est peut-être un détail pour vous, mais pour Noah, ça veut dire beaucoup.

     

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  • Commentaires

    2
    Quamel Pusati Profil de Quamel Pusati
    Mardi 30 Juillet 2013 à 11:32

    Merci pour l'info, je corrige tout de suite pour Tuft.

    Je n'ai jamais dit que l'équipe de Froome avait été concernée par une affaire de dopage. Ceci étant, ce serait très naif de penser que parce qu'il n'a pas été positif, il n'est pas dopé. les cyclistes ont toujours un temps d'avance en matière de dopage (en ce moment, c'est l'AICAR, pilule très difficile à détecter qui sévit sur le Tour et qui permet notamment de br^^uler les graisses sans effort) et comme je l'explique dans mon article, l'auto-transfusion reste indétectable, passeport biologique ou pas. (c'est très amusant de voir que ce passeport biologique, qui a été créé pour rassurer les foules, a presque atteint son but)

    La puissance développée en watts est un moyen très efficace pour savoir si le cycliste est dopé ou pas au point qu'Eurosport qui mettait sur son site la puissance développée par chaque coureur lors du Tour il y a quelques années a été obligé de reculer car tous les cyclistes amateurs étaient capables de répérer les coureurs dopés (il faudrait que vous parliez de temps en temps avec des cyclistes amateurs.)

    Il y a des choses qui demeurent impossibles pour l'organisme humain. Une équipe de scientifiques américains, pour mieux faire comprendre au spectateur lambda ce que signifiait pour le corps l'effort d'un Froome a démontré que la preformance de ce dernier dans le Ventoux équivalait à courir 1000 400 mètres dans des temps de finale olympique dans la me^^me journée. Mais après tout, peut-^^etre que Chris froome, lui, en est capable...

    Sans compter Tim Kerrison, le scientifque de l'équipe SKY, ancien entra^^ineur de Ian Thorpe, contr^^olé chargé comme une mule avec de la Testostérone, du LH et des stéroides anabolisants.

    Le médecin de SKy, Gert leinders, ancien médecin de Rabobank (Rasmussen et cie, ça vous dit quelque chose?)

    Bref, Froome, c'est comme Armstrong, un mec chargé qui pour l'instant n'a pas été pris et qui sera rattrapé par la patrouille dans quelques années.

     

     

     

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    1
    TourC
    Mardi 30 Juillet 2013 à 01:31

    Svein Tuft est canadien... Et Froome, ainsi que son équipe, n'a jamais été concernée de près ou de loin dans une quelconque affaire de dopage. Le passeport biologique, vous connaissez ??? C'est depuis 2008. Forcément c'est simple de ne pas en faire part et de réévoquer Armstrong et ses tours de 99 à 2005. 

    En revenche, je suis d'accord que l'imperialisme de Froome est agaçant...

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