• Le retour de flemme de Flammarion

    En ce début d'année 2014, Flammarion a décidé de laisser de côté l'insipidité des auteurs contemporains habituels pour se tourner vers de nouveaux talents. C'est tout à son honneur et c'est d'autant plus courageux que les trois nouveaux auteurs à qui Flammarion a confié les clés de cette nouvelle année sont de parfaits inconnus : Cécilia Attias ex-Sarkozy, Elie Semoun et La Fouine. Pour couronner le tout, ces trois futurs auteurs majeurs du 21ème siècle ont choisi une voie littéraire audacieuse, tournant délibérément le dos à la facilité : le genre autobiographique. Enquête.

    La Fouine, Semoun, Sarko : et tout le reste est littérature

    « La Fouine est un phénomène. Sa vie vaut tous les romans ». Elie Semoun s'interroge :  « est-ce que ma vie est suffisamment intéressante pour en faire un livre » ?

    On cerne un peu mieux, à travers ces deux remarques tirées des quatrièmes de couverture, la définition de la littérature pour Flammarion. La littérature ne vise pas à se saisir du réel pour le transformer par l'acte littéraire, elle ne doit pas non plus tendre à l'universalité. Elle ne doit pas consister en un travail constant de la forme, tel que le préconisait Malherbe ou encore Blanchot qui expliquait que littérature devait pouvoir se lire « lis tes ratures ». Elle doit se contenter de raconter la réalité brute, débarrassée de tout ornement littéraire superflu, et c'est le détail de cette réalité qui fait tout son intérêt, qui surpasse même toute littérature.

    Qui pourrait le nier ? Une couverture de Closer ne vaut-elle pas tous les romans de Flaubert ? Le plaisir d'une photo du président, casque non attaché sur la tête, assis derrière une actrice supposée être sa maîtresse, ne vaut-il pas tous les échanges de lettres des personnages des Liaisons dangereuses ?

    Tourner la page de la littérature-business

    Cécilia Sarkozy (Attias) indique dans la quatrième de couverture qu'elle est une femme qui n'aime pas beaucoup parler d'elle. C'est pourquoi elle profite de son anonymat total depuis sa rupture avec l'ancien président et son déménagement à New-York pour revenir sous les feux de l'actualité avec cette autobiographie. Tout cela est d'une logique implacable. Et Flammarion, toujours avide de traquer la littérature partout où elle se trouve, même lorsque celle-ci n'est pas forcément vendeuse, n'a pas raté cette occasion de donner la parole à ce génie littéraire du 21ème siècle. C'est beau de se dire qu'un éditeur comme Flammarion, malgré la paresse intellectuelle et la loi du business qui règnent aujourd'hui dans le monde « littéraire » continue, contre vents et marées, de rechercher les Rimbaud et les Lautréamont de demain. C'est beau également de se dire que grâce à Flammarion, nous avons évité la lecture du dernier Angot ou du dernier Nothomb et que nous avons découvert celle de La Fouine.

    Goldman disait, dans un mail envoyé au JDD, peu après avoir appris qu'il avait été désigné « personnalité préférée des Français » :« Je ne souhaite toujours pas participer à cette bizarrerie de l'époque qui consiste à dire très fort et partout qu'on n'a rien de spécial à dire ». Voilà quelqu'un qui n'a décidément rien compris à la littérature.

     

     

     

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  • Commentaires

    2
    Dimanche 12 Janvier 2014 à 13:55

    Non, depuis bien longtemps déjà mais je trouvais que sa phrase illustrait parfaitement le propos. Et puis c'est assez rare, à notre époque, quelqu'un qui ne recherche pas à tout prix l'exhibition de sa petite personne.

     

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    1
    so
    Samedi 11 Janvier 2014 à 22:10

    oh petit frère, toujours fan de JJG ?

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