• Le meilleur de Meirieu

    Alors que les professeurs s'interrogent sur leur devenir au moment de la nomination de Benoît Hamon à la tête du ministère de l'Education Nationale, le retour en pleine lumière de l'immense pédagogue Philippe Meirieu, qui a daigné dispenser son savoir sur le site internet du Point, a de quoi rassurer les plus sceptiques. Notre rédaction a décrypté pour vous les meilleurs aphorismes de cet illustre sage.

    "Les enfants qui ont du plaisir à apprendre réussissent"

    Ainsi commence la tirade de ce fabuleux chercheur en sciences de l'éducation.

    Une véritable révélation. On a déjà hâte de savoir quelles conséquences il va tirer de ce génial constat.

    L'homme pour qui La Terre tourne autour de l'élève au centre poursuit :

    « La notation des dictées est en passe de changer. Le ministère de l'Éducation nationale encourage sur son site Éduscol les enseignants à changer de méthode de notation pour la sacro-sainte dictée, la traditionnelle soustraction de points étant jugée inefficace. »

    Outre que l'expression « Sacro-sainte » est extrêmement bien choisie tant tout professeur encore en activité sait combien cette tradition est ancrée dans les pratiques, ce qu'il y a de bien quand quelque chose est jugé inefficace dans l'Education Nationale, c'est que la réponse apportée par les pédagogues est toujours, elle, d'une grande efficacité.

    Le redoublement est inefficace ? On fait passer tout le monde. Et inutile de dire que les progrès de ces non-redoublants, qu'on fait passer chaque année dans la classe supérieure, sont ahurissants

    Mais l'homme pour qui c'est un devoir de ne pas en donner ne s'arrête pas là :

    « étudier avec pour seule motivation l'obéissance et la soumission ne peut mener qu'à l'échec ».

    On sent, à chaque phrase, chez cet homme qui a enseigné le français dans des lieux aussi mal famés que le collège privé sous contrat du septième arrondissement de Lyon, une connaissance pointue de la réalité du métier d'enseignant.

    Et encore, cela fait bien longtemps qu'il n'enseigne plus dans le primaire ou le secondaire car l'autorité s'est considérablement durcie ces trente dernières années et on ne compte plus le nombre d'élèves soumis et obéissants qui se plient aux règles du professeur bêtement et sans jamais penser à faire valoir leur libre-arbitre.

    L'adepte du « tout est culture » continue :

    « Le système d'évaluation des élèves contribue au déclin du plaisir d'apprendre

    L'utilisation de la note, qui encourage le laxisme, est l'exact contraire de la pédagogie du chef-d'oeuvre, qui incite à l'amélioration et à relever des défis. Une fois la note tombée, l'élève passe à autre chose ; s'il était dans la logique du chef-d'oeuvre, il saurait qu'il peut réussir. »

    Voilà une remarque qui va aider bien des enseignants désemparés face au refus de travailler de beaucoup d'élèves. Il leur suffira de ne plus noter les dictées et tout rentrera dans l'ordre. Et si on ne comprend pas toujours très bien ce que Fifi entend par « chef-d'oeuvre », la seule lecture de cette interview suffit à nous convaincre qu'il en faut peu pour que les élèves soient eux aussi capables d'en produire un.

    Et le Messie de l'Education Nationale de préciser sa pensée :

    « L'enseignant (…) doit être, dans son rapport au savoir, quelqu'un qui prend plaisir à savoir et à expliquer. Quand un enfant voit la passion en face de lui, il a davantage envie d'apprendre. »

    C'est certain, surtout quand l'enseignant n'hésite pas, comme Meirieu le préconisait il y a quelques années, à « apprendre à lire dans des modes d'emploi d'appareils électro ménagers plutôt que dans des textes littéraires » parce que c'est « plus proche (des élèves) ». Difficile, en effet, de trouver meilleure recette.

    Comment mieux préparer un élève à lire A l'ombre des jeunes filles en fleurs qu'en lui faisant découvrir au préalable Girls Magazine ? Comment ne pas enseigner avec passion Les mémoires de la Fouine qui valent bien celles d''Hadrien ?

    Il est alors temps pour l'instigateur des I.U.F.M de conclure sa sidérante démonstration car, à cet instant, on se demande encore ce qui va bien pouvoir sauver l'école. Heureusement pour nous, tout pédagogue a une solution miracle :

    « Les enseignants ne sont pas suffisamment formés à la pédagogie, mais sans doute cela va-t-il changer avec les nouvelles Écoles supérieures du professorat et de l'éducation (Espé) » Nous voilà sauvés ! Comment ne pas y avoir pensé plus tôt ?

    Et même si elle a un très fort arrière-goût d'IUFM, L'Espé n'en est pas rance pour autant

     

     

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  • Commentaires

    4
    Jeudi 17 Avril 2014 à 14:46

    Oui, ça j'avais compris, mais que préconises tu pour changer ce système tout foireux qu'est l'éducation nationale ?

    3
    Jeudi 17 Avril 2014 à 08:53

    @Nico: déjà, tout simplement, que les politiques arrêtent d'écouter l'avis de ces "pédagogues" qui sont en grande partie responsables de l'échec de l'école depuis trente ans.

    2
    P.Yves
    Mardi 15 Avril 2014 à 21:16

    te voilà bien remonté...

    c'est sans filtre pour le coup !

    je n'ai pas d'avis concernant le pape de l'éducation, mais le rapport aux notes des profs me paraît en effet parfois toxique... le mot est peut-être un peu fort.

     

    P.Yves

    1
    Mardi 15 Avril 2014 à 13:50
    J'ai beau comprendre, je n'ai pas compris...Que preconises-tu ?
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