• Le génie du coach

    On se souvient tous de l’exploit de Liverpool en finale de ligue des champions face à Milan (0-3 puis 3-3), de celui de La Corogne face au P. S. G (0-3 puis 4-3) ou de l’incroyable remontée de Leverkusen face à Barcelone dont seul un coup de sifflet final prématuré de l’arbitre limita l’envergure (0-7 puis 1-7). Pourtant, dans l’histoire du football, ces exploits sont rares. Que peut bien dire un coach à ses joueurs lorsqu’ils sont menés 3-0 à la mi-temps ?

    Voici un petit florilège des discours les plus efficaces, le génie de l’entraîneur consistant à choisir le plus adapté aux circonstances :

    Nuancé : « N’hésitez pas à passer par les côtés sans oublier l’axe, mettez du rythme mais pensez à faire tourner, allez au bout de vos actions mais sans trop vous livrer et surtout croyez-y jusqu’au bout mais ne soyez pas trop naïfs. »

    Scientifique : « Sachant que 97% des équipes qui sont menées 3-0 à la mi-temps perdent le match, que nous marquons en moyenne 80% de nos buts en première mi-temps, qu’ils marquent 66% des leurs en seconde, que nous n’avons marqué qu’un seul but contre eux lors de nos douze dernières confrontations, que nous n’avons gagné que deux matches sur 10 sur synthétique et aucun par temps sec et qu’ils sont invaincus les soirs de pleine lune, calculez la somme qu’il faudra leur donner pour qu’ils acceptent de nous offrir le match. »

    Philosophe : « David Douillet a dit un jour : « celui qui affronte le combat, c’est celui qui n’a pas peur de mourir » et moi, je comprends tout à fait que vous ayez peur de mourir ; car que sait-on de la mort sinon qu’elle est la fin de la vie ? Et si Platon nous exhorte dans Le Phédon à croire en l’immortalité de l’âme, la lecture de l’œuvre intégrale de Bernard Werber nous fait douter de l’existence même de cette dernière. Quant à moi, comme le disait DSK lorsqu’il pensait encore avec sa tête, « le doute m’habite ». Dans cette deuxième mi-temps, contentez-vous donc de faire ce que vous pouvez et, comme le disait si bien le nègre de Laurent Fignon dans son chef d’œuvre Nous étions jeunes et insouciants, l’important est de viser « le lustre du merveilleux (car) s’amuser, ça empêche de mourir. »

    Roger Lemerre : « je t’ai donné un numéro, je t’ai donné un maillot, tu dois l’honorer. » (à répéter onze fois ou plus selon le nombre de joueurs présents dans le vestiaire et portant un maillot)

    Diplomate : « Si je puis me permettre et sans vouloir déclencher une polémique malvenue qui altérerait la dynamique actuelle et qui ne rendrait pas justice aux louables intentions qui sont les vôtres depuis que j’ai eu l’immense bonheur de prendre en main votre équipe, bonheur dont je me félicite chaque jour et pour lequel je vous vouerai toute ma vie une reconnaissance éternelle ; j’ai cru observer parfois chez certains joueurs -mais encore une fois cela n’est peut-être qu’une impression relative à la déception un peu excessive qui m’anime en cette fin de première mi-temps- sinon un peu de dilettantisme, tout au moins un engagement parfois un peu modéré au regard de la situation qui est la nôtre. Je vous exhorte donc, bien que je sois parfaitement convaincu que votre irréprochable conscience professionnelle vous y invite déjà, à redoubler d’efforts en deuxième mi-temps. »

    Grec : : « Si vous accrochez le nul, je vous promets que vous toucherez votre salaire dans moins de six mois. »

    Italien : « C’est pas mal, les gars mais n’oubliez pas que ce n’est qu’un tout petit bout du chemin qu’on a fait. On a encore cinq buts à prendre si on veut rafler la mise. Si tout se passe comme prévu c’est 1.000 000 d’euros par tête. »

    Optimiste : « C’est dommage parce qu’on contrôle parfaitement le match pendant les trois premières minutes et après on se relâche un peu parce qu’on a fourni beaucoup d’efforts et on prend trois buts coup sur coup, en à peine quarante minutes de jeu. C’est d’autant plus rageant qu’on a un bon quart de demi-douzaine d’occasions presque franches, deux tirs qui passent juste entre le poteau droit et celui de corner et qu’on aurait dû bénéficier de davantage de fautes, qui, si elles avaient été commises dans la surface et non dans le rond central, auraient pu valoir penalty. Il faut continuer comme ça et ne rien lâcher, ça va finir par passer. »

     

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  • Commentaires

    1
    nabelle
    Vendredi 16 Novembre 2012 à 21:54

    j'adore "le doute qui l'habite alors qu'il pensant encore avec sa tête" ...

    ainsi que le "Roger Lemerre ! Parfait SAmQuamel

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