• Le feu d’artifice : un pétard mouillé ?

    14 juillet 21 heures : ma femme me propose d’aller assister à un feu d’artifice à côté de chez nous avec les enfants. Personnellement j’ai toujours préféré les enterrements et j’avoue que j’hésite grandement. Ce n’est pas vraiment que je redoute le pyrotechnique, ce sont plutôt les à-côtés qui me gênent. D'abord, je déteste qu'on joue avec mon argent sans me demander la permission, ensuite, j'ai une passion pour la foule à peu près équivalente à mon amour pour les endives et Christophe Maé.

    Mais d'un autre côté, ça me rappelle ma brûlure au visage, c'est mon petit côté nostalgique. Je me dis aussi qu'avec la crise, les feux d'artifice sont de plus en plus courts et c'est toujours moins long que de regarder les étoiles filantes. On a également moins de chances de tout rater. Et puis mon roman préféré, Un roi sans divertissement, se termine par un feu d’artifice. J'accepte donc la proposition.

    Et je sens dès le début que je ne vais pas le regretter. Le bouchon qui nous attend à l’entrée de la ville et la quasi impossibilité de se garer nous rappellent très vite que nous sommes tout près d’assister à un événement unique. D’ailleurs, malgré la foule, nous trouvons un emplacement tout à fait correct où les arbres ne cachent qu'à moitié le spectacle, le tout juste avant que mon cadet manifeste l’envie de faire pipi.

    En outre, dès le début du feu d’artifice, je constate que nous avons l’immense privilège d'être entourés de deux spécialistes qui n’hésitent pas à nous gratifier de leurs commentaires éclairés, tour à tour prophétiques « regarde celle-là ! Ca va péter » et analytiques « Oh ! La belle rouge ! », palliant ainsi notre champ de vision parfois restreint. Le plus grand des deux, dont la coiffure confirme que les pétards n'ont plus de secrets pour lui, soucieux sans doute que nous ne manquions rien du spectacle, a d’ailleurs la bonne idée d’annoncer le bouquet final toutes les 30 secondes, au point que je ne sais plus bien qui de l'artificier ou de mon voisin nous en fait voir de toutes les couleurs.

    Enfin, bien que la moitié des fusées nous soient masquées par les branches, le show est largement contrebalancé par les nombreux pétards lancés en l’air par des amateurs en tout genre, qui en hurlant dans tous les sens, nous offrent la grâce d’un concert polyphonique qui rythme parfaitement le spectacle lumineux.

    Ajoutez à cela les commentaires de certains badauds qui comparent sans cesse le feu d’artifice à ceux des années précédentes, le type qui tient à tout prix à te vendre des tiges phosphorescentes au cas où tes enfants risqueraient d'être comblés avec le feu d'artifice, le petit de trois ans qui pleure à côté car il a peur chaque fois qu'un pétard explose et vous obtenez la conjugaison de tous les éléments d’une soirée parfaite.

    Moi pour qui le rapport entre la prise de La Bastille et un feu d'artifice ne m'avait jamais semblé évident, non seulement je commence à avoir envie de couper des têtes mais je vois des descendants de Louis XVI partout.

    Nous partons alors en hâtant le pas de peur qu’un père de famille en mal de reconnaissance sorte la blague du feu d'artifesses juste avant notre départ.

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