• Le chant du Corse

    L’esprit d’accueil des Corses, qui s’est révélé au grand jour la semaine dernière en demi-finale de coupe de la ligue, a poussé notre reporter à prolonger quelque peu son séjour sur l’île de beauté. Il faut dire que les joueurs du Gazélec ont rendu à ladite île, si besoin était, toutes ses lettres de noblesse. Joint par téléphone hier soir, il nous livre ses impressions sans concessions.

    Q.P : Allô, Jean-Luc ? Ici, Quamel, je t’appelle au sujet du match de mardi, nos lecteurs attendent toujours le compte-rendu, je me suis dit que c’était plus simple de t’appeler pour en discuter puis de diffuser l’interview.

    J-L : Bonjour Monsieur, ici Jean-guy T. avec Yvan C. Nous vous passons votre ami.

    Q.P : Euh, allo, Jean-Luc ? Quelle est l’ambiance à Ajaccio après cette déconvenue ? La morosité a-t-elle gagné la ville ?

    J-L : Eh bien, c’est un peu difficile à dire, je ne suis pas exactement à Ajaccio, je suis un peu dans les hauteurs, avec mes hôtes, très exactement près des bergeries de Finosa à….  « passe-moi le téléphone », Allô, Monsieur Quamel, contentez-vous de parler du match…

    Q.P : Euh, d’accord, très bien, excusez-moi. Comment expliquer les deux visages des Lyonnais ? : ce genre de match n’est-il pas propre à aviver les regrets, notamment lorsqu’on pense à Nicosie ?

    J-L : Bien sûr, Mais il faut se dire aussi que Lyon n’a vraiment pas eu de réussite contre Nicosie, qui est resté à 11 pendant tout le match. Si les Chypriotes avaient terminé à 9, je pense que Lyon avait une chance de passer.

    Q.P : Ne peut-on pas dire tout simplement, au vu du score (0-4) que Lyon était trop fort mardi soir ?

    J-L : Non, il ne faut pas oublier que les gaziers ne jouaient pas dans leur stade habituel, qu’il pleuvait, que le ballon du match n’était pas très bien gonflé, qu’on jouait un mardi soir, le lendemain du lundi de Pâques et que la dernière fois qu’un club Corse est arrivé en demi-finales d’une coupe nationale, c’était lors du drame de Furiani, je crois que les Ajacciens n’ont pas réussi à l’occulter.

    En outre, avant l’expulsion, le Gazélec a fait jeu égal avec Lyon et même en début de deuxième mi-temps, les Corses se sont montrés très dangereux à deux reprises. Face à l’une des meilleures charnières Européennes du moment, ça force le respect.

    Q.P : Certes, mais l’expulsion fait partie du jeu et celle-ci était totalement méritée : le joueur arrive lancé, il tacle par derrière, ses deux pieds sont décollés du sol et si le Lyonnais ne saute pas, il se fait casser la jambe…

    J-L : Euh… c’est vrai mais il n’ y a aucune intention de faire mal ! Il s’agit plutôt d’un excès d’engagement, les Corses sont comme ça, ils sont généreux dans tout ce qu’ils font, ils n’en donnent jamais assez, je suis bien placé pour le savoir. Le pauvre Colinet a donné tout ce qu’il avait, il a pensé à l’honneur de son club, à sa famille, à sa fille qui était dans les tribunes, au peuple Corse, qui est opprimé par les continentaux depuis 1769 alors même qu’il a été le premier à se libérer de l’emprise nazie en… un instant (« c’est écrit quoi là ? ») euh…en 1943, et malheureusement, l’arbitre n’a tenu aucun compte de tous ces éléments, il a manqué de psychologie, il a gâché la fête et offert la victoire aux Lyonnais.

    Q.P : Tout de même Jean-Luc, on a bien vu que les Corses n’ont pensé qu’à intimider les Lyonnais, en les insultant, en les agressant dès l’entrée dans le couloir menant aux vestiaires, en profitant du moindre arrêt de jeu pour les provoquer ou en allant voir constamment l’arbitre pour se plaindre. Et les supporters n’ont pas été en reste, ils ont quand même poussé des cris de singes quand Gomis touchait le ballon et ils lui ont même lancé une banane !

    J-L : Oui…enfin Non, pas du tout! Les Corses sont juste fiers de leurs origines, de leur culture et de leur région alors à la moindre occasion, ils vont voir les touristes pour leur parler du pays qu’ils n’ont pas la chance de connaître. Personnellement, ça fait une semaine que j’en entends parler et je peux vous assurer que ça m’a ouvert les veines, pardon les yeux. C’est indispensable si on veut que leurs revendications s’impriment sur les tempes, je veux dire dans les têtes. Quant aux cris des supporters, il y a méprise, ce que vous avez pris pour des cris d’animaux n’étaient que les basses de chants polyphoniques entamés en l’honneur des Lyonnais. Enfin, tout le monde sait que la banane est un antioxydant qui diminue les risques de cancer du rein et d’ulcères. Ce qu’a fait Gomis lorsqu’il a marqué, bafouant l’hospitalité Corse, est inadmissible.

    Q.P : On rapporte aussi que la voiture de l’arbitre, M. Enjimi, a été plastiquée à la mi-temps, qu’on lui a téléphoné pour lui dire que sa femme avait été enlevée et qu’il ne la récupérerait vivante que s’il accordait deux penaltys aux Ajacciens entre la 45ème et la 50ème. Il aurait également trouvé une bombe artisanale sous sa douche.

    J-L : On a beaucoup exagéré ce qui s’est réellement passé. On a certes retrouvé des bouts de plastique sur la voiture de l’arbitre mais sa femme a été relâchée par les ravisseurs dès la fin de la rencontre. Enfin, la bombe était une plaisanterie destinée à détendre l’atmosphère, une sorte de bombe à eau géante, l'eau ayant simplement été remplacée par du gaz. Excusez-moi, les bergers m’appellent.

    Q.P : A Ajaccio, entre les bergers et les chèvres, il n’y a qu’un pas.

    J-L : ….

    La ligne a malheureusement été coupée à la suite de cette dernière remarque. La liaison avec ces contrées reculées est parfois très difficile à établir.

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