• Le Buisson qui cache la forêt

    On n'en finit plus chaque semaine d'entendre des nouvelles révélations sur l'UMP ou sur le gouvernement.

    Après l'affaire Buisson puis Copé, c'est au tour de Taubira et d'Ayrault d'être soupçonnés d'avoir menti dans l'affaire des écoutes Sarkozy/Herzog.

    Si imaginer qu'il y ait eu des malversations à l'UMP ou que des ministres P.S aient menti est déjà en soi un scoop d'une rare intensité, on est en droit de se demander si le grand déballage est terminé et si le scandale n'est pas finalement de croire qu'il y en a un.

    Des révélations sans précédent

    « Sur l'enregistrement, on entend, aujourd'hui, le gravier du Château crisser sous ses pas »

    Voilà comment commence l'article sur la révélation des écoutes par Buisson dans Le Canard enchaîne du 5 mars.

    Si cette première révélation choc laisse le lecteur incrédule, il faut se dire que la suite est du même acabit. On apprend par exemple que lorsque Sarkozy annonce un « remaniement », il souhaite, explique Le Canard, « sans le dire, préparer l'échéance présidentielle de Mai 2012. »

    Sans blague ! Quel petit cachottier ce Sarkozy, heureusement que Le Canard a su voir clair dans son jeu.

    Arrive ensuite l'essentiel de cet enregistrement :

    Sarko (juste avant d'évincer Hortefeux du ministère de l'intérieur) : « vous n'avez pas d'états d'âme sur Brice ? » Buisson : « On en a tous, on aime tous Brice ».

    Autre révélation extraordinaire du Canard : en politique, on ne dit pas toujours la vérité.

    Mais le scandale ne s'arrête pas là. Sur MAM, Sarko déclare : « J'ai accepté qu'elle me fasse une lettre de démission. Mais, enfin, personne n'est dupe. »

    « En clair », ajoute le palmipède, « elle est virée ».

    Heureusement que la traduction est assurée par Le Canard et que celui-ci sait lire entre les lignes car sinon, on n'y aurait vu que du feu.

    Si l'on en croit cet enregistrement, certaines personnes, au sein du gouvernement, seraient donc poussées vers la sortie. Autant dire que le scandale de la NSA, à côté, c'est du pipi de tchat.

    Enfin, le bouquet final, deux révélations en une : Goudart, le publicitaire, intime de Sarkozy, déclare : « Comme MAM, Bachelot ou mon ennemi intime Darcos, tu découvres à la tête de la république des ministres nuls ».

    Il arrive donc -et nous devons ici avouer humblement que l'idée ne nous avait jamais effleuré l'esprit- que certains ministres soient incompétents et qu'en politique, sans vouloir casser celles du Canard, on se tire parfois dans les pattes.

    Tout bonnement inimaginable.

    Si l'on ajoute à cela les révélations sur l'affaire Sarkozy/Herzog, à savoir que Jean-Marc Ayrault, Manuel Vals et Christiane Taubira savaient que depuis onze mois, Nicolas Sarkozy était sur écoute, on se dit que décidément, on n'est pas au bout de nos absences de surprise.

    A qui profite l'escrime ?

    A-t-on bien mesuré l'étendue de toutes ces affaires ?

    A part dans les livres que sortent chaque année les journalistes proches du pouvoir (De Michèle Cotta à F.O.G en passant par les frères Duhamel ») ou les anciens ministres (de Jospin à Le Maire en passant par Roselyne Bachelot), on n'a jamais lu ça.

    L'idée n'est évidemment pas de dire que c'est normal que Patrick Buisson enregistre les discussions du chef de l'état à son insu, que Copé favorise une entreprise amie au détriment de l'UMP ou que Taubira mente à des millions de Français sans vergogne.

    En revanche, on peut s'interroger sur la dimension de certaines révélations.

    Passons sur l'affaire Copé, qui, si elle aboutit un jour, montre à quel point on peut saborder son propre parti pour des ambitions personnelles.

    Mais si l'on regarde de près l'affaire Buisson : certes, les méthodes employées sont choquantes mais qu'apprenons-nous vraiment à travers ces écoutes à part que Buisson lui-même adore s'enregistrer et qu'il cire tellement les pompes de Sarkozy que le véritable crime qui devrait lui être reproché est celui de lèche-majesté ?

    Même chose sur l'affaire Sarkozy/Herzog. Qui, à part de grands naïfs, pouvait décemment penser que certains membres du gouvernement n'étaient pas au courant que Sarkozy était sur écoute ?

    Ce qui est vraiment intéressant dans ces affaires, c'est plutôt le fait qu'elle sortent toutes maintenant, quelques semaines avant les élections et dans un contexte de guerre des chefs à L'UMP. Qui a fait en sorte que cela se retrouve dans la presse ? S'il faut éviter de tomber dans la paranoïa du complot, on peut en revanche se demander qui avait intérêt à garder des affaires sous le coude, pour, le cas échéant, prêter l'épaule à un proche. Forcément quelqu'un qui a le bras long, me direz-vous.

    Soit, mais au milieu du buzz médiatique, essayons de distinguer « l'info » du vrai.

    La perspective de la présidentielle réveillerait-elle les instincts primaires de certains hommes politiques ? « Elémentaire, mon cher » ont l'air de penser les proches de Copé qui jurent que cette affaire arrive au pire moment pour leur poulain car ils déclarent sans rire que : « Jean-François va mieux depuis quelques mois. » (Le Point ). Certains d'entre eux ne se cachent plus pour dire que Sarkozy est derrière tout ça et d'ailleurs ceux-ci « persistent à croire, malgré les démentis, que l'ancien président a bien qualifié leur chef-comme si ça ne suffisait pas déjà d'être Copé - d'Harlem Désir de droite » (Le Point)

    La comparaison est déjà difficile à entendre pour un homme de gauche, alors pour un homme de droite, qui plus est décomplexée, c'est un véritable soufflet. Et il est peu probable que Copé attende tranquillement qu'il retombe.

    Les proches de Fillon, quant à eux, souhaitent profiter de l'aubaine : « L'affaire se suffit à elle-même, il ne faudrait pas qu'une déclaration (comme celle-ci par exemple?) vienne entretenir le soupçon d'un coup monté » déclare un filloniste au Point (06/03). Ce serait trop bête, en effet.

    L'affaire Buisson, elle, sert plutôt Sarkozy, qui passe ainsi pour une victime. Les soupçons de « trafic d'influence » qui visent l'ex président seraient-ils une réplique à tout cela ?

    Quant à Taubira et Valls, pourquoi rechignent-ils tant à dire qu'ils sont au courant des écoutes sinon pour protéger Hollande à qui on pourrait reprocher de trop s'occuper de saborder son principal rival dans la course à la présidentielle de 2017 ?

    Bref, à force de s'étriper entre eux, les candidats de l'UMPS, comme les appelle Marine, risquent bien de laisser le champ libre au Front National.

    Dans ce contexte, on ne peut qu'être émus de voir, à l'approche des élections, tant d'hommes politiques démunis, si pâles.

     

     

     

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  • Commentaires

    3
    Samedi 22 Mars 2014 à 23:07

    Il faut changer ce système gangrèné de l'intérieur. 

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    2
    Samedi 22 Mars 2014 à 11:20

    Oui mais il y a des élections et malgré tout il y aura des élus, d'un bord ou d'un autre. Donc tout ça profitera quand même à certains, peut-être au FN. Nous verrons demain. 

    1
    Samedi 22 Mars 2014 à 09:45

    Affaire ou pas affaire, le dernier sondage en dit long : 92% des français ne font pas confiance aux hommes politiques. 

    Le crime ne profite donc pas aux politiques, totalement discrédités.

    A force de faire de la merde, c'est un peu normal...

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