• La conférence de "presque" du président

     Il est environ 16 heures lorsque Hollande se présente en conférence de presse. A crise aigue, réponses graves, pense-t-on. Pourtant, d’emblée, le président s’efforce d’apparaître détendu et de rassurer. Il a la solution, « La France est la solution » ose-t-il même un peu plus tard. Faut-il se méfier de son optimisme ? Ne risque-t-il pas,  à force d’agir en pépère peinard, de devoir troquer son pédalo contre un radeau ? Pédaler ou ramer, il faut choisir.

    Son combat pour l’égalité est en tout cas un succès : après le mariage, il s’attaque  à la somnolence télévisuelle pour tous. Et, en à peine cinq minutes, plus personne ne doute de sa réussite alors même qu’il commence à dresser le bilan de l’année écoulée. L’exercice est périlleux : il faut donner du sens à tout ce qui a- ou plutôt ce qui n’a pas- été fait. On se demande d’ailleurs si le problème ne consiste pas, non pas à donner du sens à son action mais plutôt à en donner un seul et en cet instant, toutes les théories de Hegel sur le sens de l’histoire semblent venir se briser sur la normalité absolue du chef de l’Etat.

    Il commence, tout en s’en défendant, à charger la droite : « Bien sûr que je pourrais vous dire que nous n’en serions pas là si nos prédécesseurs avaient fait des choix courageux, notamment sur le plan de la compétitivité ces dix dernières années ». Fort heureusement, il ne le dit pas.

    Plus tard, toujours aussi visionnaire, il donne un visage à la crise. C’est en réalité d’une crise  existentielle qu’il s’agit :« Est-ce que vous pensez que c’est simple, facile, agréable de solliciter, une fois élu, la contribution des Français ? » Le peuple, déconnecté de la classe politique, a souvent du mal à se rendre compte à quel point c’est difficile d’être président par les temps qui courent.

    Mais le président ne se contente pas de tirer toutes les conséquences de son fabuleux bilan, il se projette déjà vers l’avenir car cela ne fait absolument pas peur à M. Bricolage d’attaquer les gros travaux avec son tournevis et son marteau. Pour cela, il a déjà prévu des nouveautés en pagaille : réduction des dépenses, allongement de la durée de cotisation, emplois jeunes. Bref, il l’affirme, « Tous les moyens seront mis en œuvre », reste à savoir lesquels. S’il a oublié d’appliquer le fameux « choc de simplification » à son discours, il faut en revanche lui reconnaître le mérite de l’avoir appliqué à son projet.

    Sur la question du remaniement, le Président ne bouge pas : pourquoi changer une équipe qui stagne ? De toute façon, comme Hollande, malgré tous les efforts d’Harlem Désir, peine toujours à trouver moins charismatique que lui, il semble que la place de Jean-Marc Ayrault soit loin d’être menacée.

    Une vraie conférence de « presque ». Trois heures pour fournir un peu de contenu à la presse afin qu’elle poursuive tranquillement son Hollande Bashing. Le président a à la fois confirmé qu’il avait beaucoup d’humour et que les courbes du chômage et de sa popularité ne sont pas près de se croiser.

    Le Président le promet : « j’irai jusqu’au bout de la transparence politique » Il faut avouer qu’en matière d’invisibilité, le chef de l’Etat semble même en avance sur son projet.

     

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