• Halloween: une fête mortelle

    Chaque année, quelques jours avant le 31 octobre, je cherche sur internet la liste des pays ne fêtant pas Halloween et je rêve de déménager en Jordanie (comment auraient-ils réagi si la fête s'était appelée Halal'Oween?) ou dans la région d'Omsk, en Sibérie, où la fête a été interdite dans les écoles en 2013, tant je suis hanté par le souvenir de l'année précédente.

    Et pour cette édition 2014, bien que je ne croie pas aux fantômes, j'ai beaucoup de mal à imaginer qu'il n'y aura pas quelques revenants.

    Quel mal ai-je bien pu commettre pour devoir assister chaque année à une marche de zombies pas très futés sur les routes ? Rendre un culte aux morts signifie-t-il nécessairement rendre inculte à mort ?

    Je ne vais pas chercher à faire semblant ni à rester là sans maudire : être dérangé toutes les dix minutes par des gosses qui viennent me demander des bonbons, je crois que je préférerais encore l'écartèlement ou la roue. Même la fête des morts, à côté, c'est le 14 juillet.

    Si c'était pour nous filer une bonne bouteille de vin ou un bouquet de fleurs, passe encore. Mais pas du tout, c'est pour nous demander des bonbons et nous jeter un sort.

    Pourquoi des bonbons ? Pour leur santé, ne vaudrait-il pas mieux leur donner du jus de carotte, des yaourts au lait de brebis ou des choux de Bruxelles plutôt que de la gélatine de porc ? Le pire est que parfois, les parents sont là, à côté, tout contents de participer à cette fête de la malbouffe (je les soupçonne d'ailleurs fortement de ne pas rester chez eux pour ne pas être dérangés par les enfants des autres).

    J'ai souvent envie de leur demander pourquoi ils n'achètent pas eux-mêmes des bonbons à leurs mômes, s'ils y tiennent tant que ça, mais je sens qu'il faut que je me retienne. C'est sans doute que je ne comprends pas toutes les subtilités de cette célébration celte, et je ne voudrais surtout pas, un jour de Halloween, travestir le sens de la fête.

    Il faut dire aussi que cette coutume ne fait pas partie de notre culture. Sommes-nous obligés d'aller prendre des idées affreuses chez les autres ? Est-ce que les Etats-Unis auraient l'idée d'importer Plus belle la vie ? Ou nous Derrick ? (ah, non, mauvais exemple). Sommes-nous si désœuvrés qu'il faille maintenant assaisonner nos vies avec du celte ? Pourquoi pas fêter la Saint-Patrick et le Nouvel An chinois pendant qu'on y est ?

    Quand j'étais petit, mes parents me disaient de ne surtout pas suivre les adultes qui me promettaient des bonbons. Maintenant, ce sont les parents eux-mêmes qui envoient leurs enfants sucer la friandise du voisin.

    En outre, menacer de représailles les gens qui ne donnent pas de bonbons, c'est tout simplement du vol . Et il faudrait être de très mauvaise foi pour prétendre qu'apprendre le racket à nos enfants, c'est de la balle.

    Quant à la logique de cette fête, je dois avouer qu'elle m'échappe. Quel rapport entre les bonbons et les monstres ? Ils ne peuvent pas boire un bon bol de sang et de bave de crapaud, comme tout le monde ? Si on veut vraiment jouer à se faire peur et à célébrer le mal, allons jusqu'au bout : foutons-nous des tartes, insultons nous, faisons pire que les vampires mais se déguiser en zombie pour bouffer des fraises Tagada, c'est un peu comme se mettre à poil juste pour aller dormir : c'est du gâchis.

    Or, ne nous voilons pas la face, ce ne sont quand même pas les déguisements souvent très mal réalisés de ces enfants ni leur « trick or treat » qui vont nous faire peur. Si trouille il y a, c'est que nous sommes vraiment des courges. Même à Halloween, ce n'est pas sorcier de distinguer vessies et lanternes.

    Alors, la porte de sortie, l'ai-je pour briser cette malédiction ?

    Oui, fort heureusement, il existe quelques techniques pour passer un Halloween un peu plus tranquille. L'année dernière, par exemple, j'avais éteint toutes les lumières pour faire croire que je n'étais pas là. Mais j'étais constamment dérangé par le bruit de la sonnette. On peut alors la désactiver ou placer quelques paquets de bonbons sur la boîte aux lettres, derrière le portail.

     

    Mais le mieux, à mon avis, est encore d'accueillir les enfants avec un grand coup de pied occulte.

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