• Devenir des potentats des attentats

    En dépit de son titre, Comment vivre au temps du terrorisme ? qui laisse penser que ce terrorisme serait une entreprise plus ou moins organisée et auquel je préfèrerais donc un plus sobre Comment vivre au temps d’attaques de loups solitaires et de déséquilibrés ?, le livre d’Alain Bauer, François Freynet et Christophe Soullez est vital pour qui ne veut pas mourir. C’est sans doute le livre le plus essentiel de ces derniers mois juste derrière la biographie de Jéremstar.

     

    Cet ouvrage, qui dynamite nos préjugés et fera sans doute l’effet d’une bombe, est en effet un manuel de survie pratique et philosophique qui vise juste, ne verse pas dans le sensationnel et va obliger tous les terroristes à se serrer la ceinture à explosifs.

     

    Il donne notamment une foule de conseils indispensables pour échapper aux attentats, comme « (anticiper) la direction dans laquelle il est le plus juste de se déplacer ». Si par exemple des hommes armés de lance-roquette vous font face, évitez de leur foncer dessus en fuyant mais privilégiez plutôt d’autres itinéraires. Avouez qu’il fallait y penser. Imaginez un peu le nombre de vies qui pourraient être sauvées avec ce seul conseil.

     

    Mais les auteurs ne s’arrêtent pas là puisqu’ils nous invitent également à « anticiper une attaque et repérer les points d’échappatoire latéraux et arrières de mise à l’abri : se placer en fonction de ceux-ci, être en capacité de ne pas repartir par l’endroit où on est arrivé ». C’est exactement ce que je me disais l’autre jour pendant que je faisais l’amour à ma femme et que j’essayais de visualiser les endroits de la chambre par lesquels les terroristes potentiels pourraient choisir d’entrer. Elle m’a trouvé très endurant.

     

    Les auteurs concèdent que dans certains cas, l’action collective peut être utile, mais uniquement si c'est le fait de « contrôles aléatoires (…) spécifiquement sécurisés avec des pratiques issues des éléments connus de progressions armées, en triangulation et avec des moyens de diffusion d’alerte en observation ». Ca va sans dire.

     

    Bref, c’est donc toute une attitude qu’il faut changer si l’on veut résister au terrorisme. L’important est de « ne pas être surpris par les personnes et les lieux, savoir reconnaître lesquels sont le plus à risque ». Et je crois que tout le monde sera d’accord pour dire que celui qui n’agirait pas ainsi, mérite, d'une certaine manière, de mourir.

     

    Les auteurs rappellent d’ailleurs, sans aucune contradiction avec ce qui précède que « dans les faits tout rassemblement devient une cible potentielle, pour autant qu’(on) se trouve au mauvais moment au mauvais endroit ». De même, ils précisent, plus loin, dans une sorte d’apothéose de la cohérence que « personne ne pense naturellement qu’une terrasse de café constitue une cible d’attaques terroristes et pourtant elle le devient ».

     

    Mais pour résister vraiment au terrorisme, c’est notre conception même de celui-ci qui doit changer. D’abord, Il faut être capable de le définir, de comprendre ce qu’il est, d’où il vient. Et la première erreur serait évidemment de croire qu’il est islamiste. Ces terroristes sont en réalité, « selon l’une des rares expressions justes utilisées depuis les attentats de 2015 », « une armée terroriste barbare » expliquent les auteurs. On pouvait difficilement trouver formule plus éclairante.

     

    En résumé, on le voit, Il n’y a pas de profil à risque à proprement parler mais il ne faut pas non plus se voiler la face. Le vrai danger à l’heure actuelle, ce sont évidemment les catholiques traditionnels. Si vous voyez un homme de type caucasien muni d’un crucifix et de gousses d’ail, courez.

     

    Vous l’avez compris, contrairement à ce que pensent de nombreux imbéciles, combattre l’islamisme en essayant de contrer son idéologie n’aura que peu d’effet ou risque à terme d’avoir de très graves conséquences. La vraie solution pour répondre à ce défi collectif, c’est d’agir de manière individuelle. Car soyons honnêtes : si les victimes de Nice, du Bataclan, de l’hyper casher et j’en passe avaient été prévoyantes, on n’en serait pas réduits à devoir faire des commémorations tous les trois jours et à exploser nos budgets bougies. 

     

    Ensuite, il faut « accepter de vivre avec », c’est même le titre du chapitre 1. Tant que nous n’aurons pas accepté que nos compatriotes se fassent égorger, rouler dessus ou déchiqueter plusieurs fois par an, mais que nous choisirons d'en faire tout un plat, nous ne serons pas dans notre assiette.

     

    Enfin, et c’est le plus important, il faut comprendre que contrairement à ce qu’affirmait un Premier ministre, nous ne sommes pas en guerre. En revanche, « notre pays est attaqué par des terroristes qui eux lui font la guerre » précisent les auteurs. Tant que nous ne répondrons pas, nous pourrons effectivement continuer à nous faire massacrer dans la paix. C’est de bonne guerre.

     

    Jusqu'ici, je dois l'avouer, j'étais préoccupé par l'avenir. Mais grâce aux auteurs de ce livre, j'ai retrouvé l'espoir et la plénitude. S'inquiéter de tout pour ne plus avoir peur de rien et accepter l'inacceptable, telle est désormais ma devise.

     

     

    « Manu ne joue pas avec le vœuPensée complexe ou complexe de la pensée? »
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  • Commentaires

    2
    Mardi 13 Novembre 2018 à 14:09

    Eh bien, merci d'avoir égayé la mienne et bravo d'avoir pris le temps de publier ce commentaire.

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    1
    Isabelle
    Mardi 13 Novembre 2018 à 12:43

    Merci de m'avoir égayé la journée, bravo pour votre ironie!

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