• Que L’Arabie Saoudite fasse comme si de rien n’était en feignant de s’interroger : « Le Yémen, c’est où ça, dites ? », on pouvait s’y attendre. Mais que les hôpitaux soient attaqués ou que la coalition déclenche des frappes pendant une cérémonie funéraire sans que personne ne réagisse, c’est plus (d)étonnant. Et pourtant, bien que la situation soit catastrophique dans la capitale, Sanaa pas l’air d’émouvoir plus que ça la communauté internationale.

     

    Et que dire du silence radio des médias qui ne parlent que de la Syrie malgré le peu que nous savons d’Alep ? Cela aurait-il un lien avec les intérêts des pays occidentaux pour le pétrole ? Ou avec le fait, par exemple, que Les Etats-Unis, qui, selon « Le Monde » fournissent « une aide logistique et du renseignement à la coalition » pourraient être jugés cobelligérants ? »

    On n’ose y croire. D’ailleurs, ils n’ont vraisemblablement rien à se reprocher puisque, toujours selon « Le Monde », « L’Arabie Saoudite et ses alliés bloquent avec succès depuis mars 2015 toute enquête de l’ONU. »

     

    Certes, l’ex-président Saleh, chassé en 2011 après trente-quatre ans de règne, n’a pas laissé le pays dans un état prospère. Mais si l’addition présentée par Saleh est conséquente, il serait trop facile de lui casser du sucre sur le dos.

    La transition politique dirigée par Hadi jusqu’en 2014 n’a d’ailleurs pas fait beaucoup mieux, certains allant même jusqu’à dire d’Hadi qu’il n’a pas fait ce qu’il a dit. Houthi et ses disciples ont alors tenté de prendre le pouvoir par la force, et c’est là que l’Arabie Saoudite est intervenue, sous le fallacieux prétexte qu’Houthi serait complètement marteau. « Des clous ! » serait-on tenté de dire si l’on n’avait pas peur de taper à côté.

     

    En réalité, Les rebelles houthistes étant chiites, Riyad y combat par procuration son grand rival régional : l’Iran chiite, qui, lui, soutient les houthistes. Qu’importe donc que cette guerre ait déjà fait plus de 10000 morts rien que lors des combats -bien davantage en réalité -, l’important est que Riyad défende son honneur et puisse continuer à dire : « Que dit un Sunnite qui marche dans la merde ? Chiite! ».

     

    Quant à la situation des femmes, entre la prostitution comme dernier recours à l’extrême pauvreté, les mariages forcés -parfois dès huit ans- et l’interdiction de se promener seule dans la rue sans l’autorisation du mari, c’est à se demander comment il est possible que quasiment personne n’en parle, pas même les associations féministes, trop occupées par leur combat contre l’émission « Miss France ». Alors, devant cette situation cataclysmique, on se rassure comme on peut en se disant que tout finit par se payer et que « Rira bien qui Riyad le dernier ».

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  • Quand, en matière de meeting de campagne, on est puceau, il faut savoir préserver son organe. Et le beau gosse de service devrait savoir que ce n’est pas en criant comme un putois qu’on va attirer la belette. Mais M. Macron n’en a cure car pour lui, la légitimité n’existe pas. Il est d’ailleurs convaincu qu’« être élu est un cursus d'un ancien temps », un temps où les politiques avaient encore des convictions et un peu de dignité sans doute : ça tombe bien, il y a de fortes chances pour qu'il ne sache pas tout de suite ce que ça fait.

     

    A force de n’écouter personne, il s’est en tout cas attiré une avalanche de commentaires acerbes sur les réseaux sociaux, preuve que quand le roquet aboie, le car à vannes passe. « La meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler » disait-il. Et la meilleure façon de s'en faire tailler un, c'est de ne pas bosser sa voix. Mais cela n’empêche nullement certains médias de voir en lui l’incarnation du changement. Ce n’est sans doute pas un hasard si « Le Point », journal anti-libéral et anti-système s’il en est, lui a consacré environ 1423 articles en deux semaines.

     

    Que lui trouve-t-on au juste ? La jeunesse ? Certes et Macron prouve, si besoin était, que la fadeur n’attend pas le nombre des années. Le changement ? quel changement ? Celui qui consiste à penser, comme le candidat l’a affirmé, que « le libéralisme est une valeur de gauche » ? La nouvelle politique de Macron, c'est un peu comme le renouveau promis par Bruno Le Maire : il n’y a que ceux qui ont cru à la ressemblance entre le Canada Dry et l’alcool qui peuvent y adhérer. Promettre qu'on va tout changer et que le futur président va retrouver du pouvoir en étant pro-européen, c’est croire que les bébés, à Bruxelles, naissent dans les choux.

     

    La Macron-économie

     

    Qu’à cela ne tienne, Manu est bien décidé à exploiter le filon pour mieux terrasser Fillon. Il ne propose pas seulement un changement, ce qu’il veut c’est « une révolution », comme il l’a écrit dans son livre, et une révolution sans programme, ou avec un programme qu’on construit après s’être lancé dans la course à la présidentielle, ça inspire le respect. Tout comme le terme « révolution » d’ailleurs. Macron qui écrit « La révolution », il faut avouer que c'est au moins aussi fort qu' Olivier Besancenot qui écrirait une ode à « L’ultracapitalisme ».

     

    Et pour prouver que celle-ci est réalisable, celui qui ferait passer François Fillon pour un communiste s’il n’avait pas autant la cote dans les médias a baptisé son mouvement « En marche ». Vers quoi ? nul ne le sait. Ce qui est sûr en revanche, c’est que Macron nous démontre que ce n’est pas parce qu’on est en mouvement qu’on ne peut pas incarner l’immobilisme. Que ce n’est pas parce qu’on s’appelle « En marche ! » qu’on se préserve d'en rater une. Et que ce n'est pas parce qu'on s'appelle Macron qu'en matière d’économie comme de politique, on ne peut pas être un micron.

     

    L’ancien banquier de Rotschild qui déclarait il y a peu « Les salariés doivent pouvoir travailler plus sans être payés plus » serait donc le nouveau candidat anti-système. Celui qui déclarait « Si j'étais chômeur, je n'attendrais pas tout de l'autre, j'essaierais de me battre d'abord » serait le rassembleur que la France attend. Celui qui invente des qualificatifs à la laïcité pour ne surtout pas avoir à l’appliquer serait le vrai défenseur de la République. Celui pour qui l’une des priorités est que « des jeunes Français aient envie de devenir milliardaires » serait le candidat qu’il nous faut pour lutter contre la finance et répartir plus équitablement les richesses. Celui qui réduit tout à l’économie et qui ne voit dans l’immigration massive qu’une possibilité de faire davantage pression sur les bas salaires aurait le cœur sur la main.

     

    Très peu pour moi. Mais je me console en m’imaginant, après une rouste monumentale d’Emmanuel au premier tour, écouter Alain Chamfort et chanter avec lui « Porté disparu Manu rêva… ».

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  • « « Fleury-Mérogis : le nombre de femmes radicalisées explose » titrait BFM TV le 15 novembre. « A Limoges, la lutte contre la radicalisation passe par la formation de terrain » titrait France Bleu le même jour. De quelle radicalisation s'agit-il ? Impossible, même lorsqu'on lit entièrement ces deux articles, de le savoir. Pas le moindre adjectif ne sera antéposé ni postposé à ce substantif. Quant aux compléments du nom, ils ne font qu'indiquer l'identité des personnes radicalisées « des femmes » ou « des jeunes » selon l'article que l'on a décidé de lire. Comment peut-on prétendre lutter contre la radicalité quand on cache ses racines et qu’on tremble comme une feuille à la simple idée de les évoquer ?

     

    Mais après tout, si l'on ne juge pas nécessaire de préciser de quelle radicalisation il s'agit, c'est sans doute que ce n'est pas primordial. Cela devrait me rassurer. Pourtant, le ton des articles n'incite pas à la tranquillité. Le comportement des femmes de la prison de Fleury-Mérogis aurait « entraîné plusieurs difficultés » peut-on lire dans l'un d'eux. Bigre ! Voilà qui est sérieux. Dans l'autre, on parle de « faire face à des jeunes dont le comportement change », il doit sans doute s'agir de la puberté, me dis-je. Point du tout, car on évoque plus loin des « risques de basculement ». Face à ce basculement, faut-il pencher pour la gravité?

     

    On ne le saura jamais car même les « spécialistes qui connaissent bien le phénomène » ne pipent mot. A la fin de l'un des articles, je pense avoir compris le fin mot de l'histoire lorsqu'une des personnes interviewée déclare : « elles sont passées de petites minettes à des fantômes ». Ce ne serait donc qu'une banale histoire de maison hantée ? Mais alors quel rapport avec la radicalisation ? Les fantômes ne se contenteraient plus de leur statut et voudraient prendre le pouvoir ? Nous voilà dans de beaux draps. 

     

    Tout cela est décidément encore plus prenant que la lecture de La disparition de Pérec ou un bon vieux Cluedo. Je suis toujours à la recherche d'un indice et je crois bien l'avoir trouvé quand je décèle dans l'article de BFM le mot « prosélytisme » qui tranche avec le reste des termes employés. Mais il apporte davantage de confusion que de clarté à mon enquête. Comment peut-on faire du prosélytisme de radicalité ? En distribuant des tracts pour le parti radical de Jean-Michel Baylet ?

     

    Peut-être existe-t-il une autre définition de la radicalisation que j'ignore. Je décide alors de vérifier dans le dictionnaire. Hélas, celle-ci ne m'apporte rien : comme je le craignais, la « radicalisation » serait « l'action de radicaliser », de « durcir une position ». Ce n’est pas ça qui va me donner du mou. 

    On peut sincèrement regretter que les apparitions soient les seuls mots que ces journalistes n’arrivent pas à faire disparaître. 

     

    S’ils croient- à la manière de Pépère 1er, qui s’est toujours bien gardé d’accoler l’adjectif « islamistes » aux terroristes et aux attentats qui nous ont frappés- que remplacer « jeunes filles voilées » par « fantômes », c’est faire du bon boulot, ils se fourrent le drap dans l’œil. Et prouvent, si besoin était, qu’il y a différentes façons de se voiler la face.

     

    Ils pensent faire honneur aux musulmans en ne nommant pas leur religion, mais c'est l'inverse qui se produit. Pourquoi se sentir obligé de défendre ceux qui ne sont pas attaqués ? N’est-ce pas insultant de se figurer que les modérés vont nécessairement se sentir stigmatisés lorsqu’on va viser les extrémistes ? Pour rendre compte des problèmes, il faut savoir prendre les mots à la racine. Ne parler que de radicaux, ça suffixe !

     

    Mais ce n'est pas tout. Cette opiniâtreté à ne pas nommer les choses n'échoue pas simplement à identifier notre adversaire. Elle prive également les victimes de leur statut. « En mémoire des victimes des attentats du 13 novembre 2015 » pouvait-on lire sur la plaque commémorative officielle inaugurée un an plus tard. Morts pour quoi, au nom de quoi ? Pour rien. Ni victimes du fanatisme islamiste, ni morts pour des idéaux que ces fanatiques ne supportaient pas. On enlève aux victimes jusqu'au droit d'être morts pour quelque chose.

     

    Cette presse est semblable à la troupe que Julien Gracq décrit dans Un balcon en forêt et qui refuse tellement la guerre qu'on lui promet qu'elle fait le choix du déni au détriment de la réalité. « Elle n'aimait pas l'image de ce qui venait au-devant d'elle : cette bataille en fin de compte probable vers laquelle elle marchait avec le mol enthousiasme d'un percheron entre ses brancards : dès qu'elle sentait les rênes faiblir, elle piquait du nez dans l'herbe des bas-côtés, y cherchait les rêves de l'autruche dans le sable. Et sous cette neige molle, qui lissait la terre et brouillait les traces, il lui poussait l'illusion vague de se faire invisible, de donner le change au destin. »

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  • Certes, on peut légitimement se réjouir qu’une fois de plus, la large victoire de François Fillon lors du premier tour de la primaire de la droite et du centre ait ramené à la raison-à défaut d’humilité- les analystes de tous bords et les instituts de sondage : le plaisir de voir la Sofres en souffrance n'a d'égal que celui de constater les flops de l'IFOP.

    Certes, on est en droit de lire dans cette énième surprise une nouvelle victoire de la démocratie et du vote populaire comme on a pu le lire dans certains journaux. Et je souscris en partie à cette analyse. Mais en partie seulement. Car il y a d'autres arguments au fait que Juppé ait soudainement perdu la « chepê ». Et il aurait dû comprendre que ne pas trop se fier aux sondages, c'est élémentaire si on ne veut pas rater une primaire.

    Si l’engouement soudain pour François Fillon est incontestable, il mérite d’être nuancé, ne serait-ce que parce qu'il n'y avait que 4 millions de votants. Oui on peut penser qu'il retire en partie les bénéfices d'un certain discours de vérité -difficile de faire le reproche à quelqu'un qui se revendique de Thatcher de n'être qu'un tchatcheur – et de sobriété : le Sarthois a toujours préféré les rillettes à la double ration de frites. Quant à savoir si le remède ne risque pas d'aggraver le mal et si s'inspirer de Miss Maggie suffira à ce que la magie opère, comme le disait si bien Gérard Blanc, "ça c'est une autre histoire".

    Sa remontée tient sans doute aussi à la volonté qu’ont eue les Français de pencher pour un autre candidat que ceux imposés par les médias et les sondages tout en votant utile. Ce n’est qu’une hypothèse mais avouons que l’écart entre le 3ème et le 4ème de la primaire (+ de 18 points) ne l’invalide pas. Tout comme le report des voix de Bruno Le Maire et d’Alain Juppé sur le Sarthois. C’est comme si une bonne partie des électeurs avait désespérément attendu la possibilité de voir émerger un autre candidat que Sarkozy, dont beaucoup ne voulaient plus, et Juppé, que nombre d’entre eux se refusaient à voir comme « l’alternative la moins mauvaise », comme le scandent de nombreux médias depuis des mois. Autrement dit : ce n'est pas parce qu'on n'a pas le nain sur le cœur qu'on a forcément envie de crier « Chauve qui peut ! ». Et en l'occurrence, le cri de ralliement a plutôt été « Courage, Fillon »

    Or, sans même parler du concept de primaire ouverte qui offre à qui le souhaite la possibilité de voter pour essayer de faire perdre tel ou tel candidat dans l’optique de la présidentielle, le fait que nombre d’électeurs n’aient peut-être pas voté pour leur candidat préféré lors du premier tour car ils savaient pertinemment, à cause des sondages, que celui-ci n’avait aucune chance d’être élu, interroge. Et l’on peut se demander si la possibilité de mettre des sondages à toute l'IPSOS, et ce jusqu’à quelques jours d’un premier tour, est bien compatible avec l’idée que l’on se fait de l’exercice démocratique.

    Fort heureusement, au deuxième tour, ce problème ne se posera pas. Et étant donné la quantité astronomique d’articles destinés à éreinter François Fillon publiés depuis dimanche soir-s'il n'est encore ni pédophile ni violeur en série, c'est sans doute que le deuxième tour arrive un peu trop tôt-il est fort probable que le peuple affirme cette fois sans discussion sa souveraineté et sa volonté de ne pas se laisser dicter son opinion jusque dans les urnes. Bref, pour les fillonistes, que certains l'aiment chauve, c'est le cadet de leurs sourcils. Et ça ne leur fera pas faire de cheveux blancs.

    Mais ce n'est pas tout : en interrogeant Fillon sur plusieurs de ces accusations sans beaucoup de distance ni de finesse, les journalistes du débat ont sans doute avantagé l'ex Premier ministre de Sarkozy en lui permettant d'endosser le beau rôle à peu de frais, celui qui recadre les journalistes et qui tente de s'extraire de la « caricature » (mot qu'il a employé une bonne dizaine de fois). Et il y a fort à parier que cela motive plus que jamais ses électeurs et leur donne envie de défier les lois de l'anatomie en prouvant qu'on peut avoir un Fillon à sa tête.

     

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    Dé-Trumpez-vous : je n'ai aucune espèce de sympathie pour Donald Trump. Quand on aime la littérature, ses euphémismes et ses sous-entendus, on n'est que rarement séduit par les papes du populisme qui croient faire le meilleur en disant le pire. En outre, ce doit être mon côté raciste révélé par l'affaire Black M, je n'arrive pas à me résoudre à ce qu'un homme de race orange ait pu accéder à la Maison-Blanche.

    Pourtant, je ne sais pas ce qui m'inquiète le plus depuis quelques jours : l'élection de Trump ou les réactions à son élection. Beaucoup, sur les réseaux sociaux, avaient réduit celle-ci à un choix entre la peste et le choléra. Je me doutais que le choix de la peste n'enthousiasmerait pas grand monde mais j'étais loin d'imaginer qu'autant de personnes regretteraient le choléra.

    Son entourage, à force de faire croire à Hillary qu'il n'y avait pas de raison de se faire de Bill, ne l'a pas aidée à voir qu'elle allait se prendre une bonne Trump. Mais les erreurs de prévisions ne sont pas les seules responsables de sa défaite. Se contenter d'accuser les sondages, c'est oublier qu'il ne faut jamais prendre les chiffres au pied de la lettre. Et cela traduit bien la difficulté qu'elle a eue et qu'elle a encore à analyser les raisons de son échec. Difficulté qu'elle partage avec ses électeurs et ses supporters de tous les pays.

    Que les mêmes qui hurlaient « pas d'amalgame ! » puissent assimiler Trump à ses électeurs et mettre tous ceux-ci dans le même sac, celui des « ignorants », des « crétins » ou « des racistes » doit en tout cas conforter nombre des soutiens du milliardaire dans leur choix et fait sans doute saliver d'avance ceux de Marine Le Pen. Doit-on mettre dans le même panier les racistes et ceux qui n'ont pas cru aux salades de Clinton ? Sont-ils tous abrutis parce qu'ils n'ont pas voulu des promesses de la globalisation heureuse ?

    Certes, on ne peut décemment se réjouir que celui qui traite les femmes comme de la viande soit élu. Mais il ne suffisait pas d'affirmer haut et fort que le mac Donald ne croit qu'en sa grosse frite pour que plus personne ne choisisse le menu qu'il concocte pour les Etats-Unis. Et pour Clinton, la note est plutôt salée.

    Admettons-le : il y a quelque chose de terriblement injuste à ce que le soutien de Lady Gaga et de Beyoncé ne suffise pas à faire élire un politique-à moins que ce ne soient les faveurs sexuelles proposées par une quasi sexagénaire qui aient changé Madonne. Mais l'argumentaire des adversaires de Trump était trop simple pour réussir : c'est un raciste, un sexiste, un fou. Quiconque a un cœur et un peu d'humanité dedans ne peut décemment voter pour lui. Or la démo des démocrates n'aura pas suffi à répudier le Républicain.

    Ce n'était pas facile de coller son billet qu'un homme dont la fortune est estimée à 3,7 milliards de dollars puisse passer pour davantage proche du peuple que son adversaire. Mais c'est sans doute là que réside le seul mérite de Trump : avoir compris le ras-le-bol du peuple des banques, des multinationales et des lobbys. En insistant sur le financement plus que douteux de la fondation Clinton, en martelant sa défiance vis à vis de l'establishment et en proposant lors de ses cent premiers jours des mesures destinées à lutter contre les lobbys, il a sans doute réussi à gagner quelques indécis et à faire pencher la balance de son côté. Ceux qui pensaient, comme les Clinton, que fricoter avec le Qatar était incontournable et n'avait plus aucune incidence sur l'opinion se sont mis le Doha dans l'œil.

    Tout comme nos commentateurs et nos analystes qui n'ont pas vu venir l'élection de Donald Plutôt alors que le Brexit aurait dû nous alerter sur la colère des peuples et le refus de ce monde globalisé qu'on nous propose comme seul horizon. Résultat : on s'est beaucoup moqué de la femme de Trump qu'on avait bien du mal à imaginer en première dame. Mais Donald avait raison de prendre sa Daisy pour une réalité.

    Je suis toujours un peu surpris que certains de mes concitoyens parviennent à garder leur sang-froid quand nos enfants se font écraser dans la rue par nos propres compatriotes mais crient à la fin du monde quand un peuple élit démocratiquement son président. Quant à ceux qui continuent de penser que l'élection du milliardaire serait la preuve qu'il y a 50% de crétins dans le monde, je crois qu'ils surestiment grandement l'être humain. Si Trump n'a certainement pas le monopole du cœur, ses adversaires ont prouvé qu'il n'avait pas non plus celui du mépris de l'autre.

     

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