• Samedi matin 10 heures, comme chaque semaine, je fais mon marché. Après être passé chez le boucher et le fromager, je termine mon tour par le maraîcher. Beaucoup de fruits, quelques légumes, pas trop parce qu’il m’en reste pas mal de la semaine précédente, ce sont surtout les haricots qui me font envie, je sais qu’ils sont très bons et il y a bien longtemps que je n’en ai pas mangé mais la question du maraîcher m’arrête net « vous les voulez effilés ou pas effilés ? ». Je reste coi quelques secondes puis je réponds : « non effilés, ça ira merci ».

    Quel plaisir y a-t-il à manger des haricots si on ne les effile pas ? Aurait-on perdu à ce point la notion d’effort qu’on en oublie qu’elle peut contenir le plaisir ? Va t-on me proposer de me les pré-mâcher la prochaine fois ? Que dirais-je si ma femme me donnait la becquée ? Ou le sein ? Non, mauvais exemple.

    Je rentre chez moi pensif. Il est 10 heures 30 mais j’ai une envie soudaine et presque irrépressible d’effiler mes haricots. Est-ce que je cherche à me prouver que j’adore ça ? Je ne sais pas mais je ne fais rien d’autre. Pas question d’écouter de la musique en même temps pour cette fois-ci, je suis tout à eux. Qu’il est agréable ce petit bruit de cassure de la tige et qu’elle est douce, cette sensation d’avoir attrapé un fil et d’en avoir débarrassé le haricot reconnaissant. Il y a un plaisir viscéral à faire cette opération, qui tient autant de l’avarice, car on les tient en mains, on les possède, que de la perte car on destine leurs queues à la poubelle.

    Mais tout l'intérêt de cette opération réside plutôt dans la double satisfaction qui la suit : celle du devoir accompli et celle qui nous fait mesurer le prix de ce qu'on mange.

    J'en viens alors à me demander si ces haricots ne pourraient pas symboliser nos vies entières. A quoi ressembleraient nos vacances si on ne travaillait pas ? Nos vies si on ne mourait pas ? Et, pour paraphraser Platon, que serait le Beau sans le Laid ? Le Petit sans le Grand ? etc....

     Et je me dis alors qu’il n’y aurait jamais eu Knysna ou Kiev si des haricots avaient été un tant soit peu effilés car peut-on envisager sérieusement que Samir Nasri ou Jérémy Ménez aient déjà effilé des haricots ?

    Cette fois, j'en suis sûr, le manque de motivation de certains joueurs professionnels vient de là : à force de ne pas laver leur maillot, de ne pas cirer leurs godasses, de ne pas gonfler leurs ballons, de ne pas préparer leur sac, ils ont perdu l’émerveillement, ils ont déplacé leurs contraintes sur l’entraînement, parfois même sur les matches.

    Dire que la motivation ne tient parfois qu’à un fil serait sans doute de mauvais goût, en revanche, je me demande si on ne peut pas en conclure que pour la France, c'est la fin des haricots. Espérons que Deschamps ne se défile pas.

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  • « Rendez-nous Domenech ! » criaient Toulalan et Gignac à la descente des Bleus au Bourget, faut-il abonder dans leur sens ? Le sélectionneur a-t-il été à la hauteur ou est-ce bonnet blanc et blanc bonnet ?

    Sur le plan tactique : c’est sans doute sur cet aspect là que L. Blanc a le plus péché. Il a d’abord été beaucoup trop audacieux contre l’armada anglaise et aurait sans doute dû remplacer Benzema à la mi-temps par Koscielny pour assurer davantage le 0-0.

    Contre la Suède, rien à dire, mettre Nasri à droite à la place de Menez était le choix de la sagesse mais c’est sa tactique ultra-offensive contre l’Espagne et son ambition démesurée qui ont mis le doute sur sa capacité à gérer les grands rendez-vous. Pourquoi ne pas avoir également renforcé le flanc gauche en remplaçant Ribéry par Evra ? Quel besoin de mettre Benzema quand on peut mettre Diarra dans la même zone et pour un rendement bigrement plus efficace ? Quant à Cabaye, il joue trop haut, il eût mieux valu mettre Matuidi.

    Sur le choix des hommes : Là-dessus, rien à dire, Domenech avait évincé Nasri et Ben Arfa, l’ancien libéro des bleus a su leur redonner la place qu’ils méritaient sur le terrain et dans le cœur de tous les Français.

    Sur le plan technique : L. Blanc a parfois omis de travailler cet aspect-là du jeu mais peut-on le lui reprocher quand on sait que quasiment aucun joueur français ne s’en sert ? Pour certains, le pied gauche ne leur sert même pas à descendre du bus.

    Sur la marseillaise : Ce sujet avait fait débat sous l’ère Domenech, il a encore fait parler avant et pendant l’Euro. Pourtant, dès son arrivée, le Président avait cerné le problème : « ils ne connaissent même pas les paroles » et avait pris les devants en leur donnant à chacun un exemplaire officiel de l’hymne français. Deux ans après, le constat est édifiant : en moyenne 4 joueurs sur 11 ont mis moins de 24 mois à les apprendre : c’est trop peu diront certains mais au vu des capacités intellectuelles de certains membres du groupe, c’est déjà beaucoup.

    Sur L’ambiance : Aucun doute, le traumatisme de Knysna est loin derrière, il faut dire que les boute en train que sont Menez, M’Vila, Nasri ou Ben Arfa y sont pour beaucoup. N’oublions pas qu’ils n’étaient pas du voyage en Afrique du Sud ! Pas sûr que le Brésil soit capable de rivaliser avec nous sur ce plan-là en 2014.

    Sur la gestion des conflits :là encore, le sélectionneur a tout bon : Laurent Blanc avait dit : « si jamais vous sentez que, comme Anelka il y a deux ans, vous avez envie d’insulter le sélectionneur, insultez plutôt un journaliste », il a été entendu. Il avait dit après le fameux « ferme ta gueule » de Nasri qu’il lui parlerait, quelques jours plus tard, le Citizen revenait sur ses propos et modifiait son insulte. Enfin, Ben Arfa lui propose de le renvoyer à la maison ? Pour le punir, il l’oblige à rester, du grand art !

    Sur la popularité de l’EDF : C’était une priorité de l’ancien champion du monde et c’est sans doute dans ce domaine-là que les progrès ont été les plus flagrants : finis les réveils gueule de bois de l’après 82, de l’après 86 ou de l’après 2006, finies les nuits à refaire ces satanés matches, l’équipe de France a tellement changé que lorsqu’elle vient à être éliminée, ça fait à peu près le même effet que de savoir que Christophe Hondelatte arrête la musique : c’est dans l’ordre des choses.

     

     

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